Même au printemps, subsiste le poids des ans .
C’est mon vieux frêne panaché tout près de ma fenêtre.
Il a vu passer bien des étés, tout fier de son panache
Si pimpant. La pie y a fait son nid, une merlette aussi
Puis il s’est un peu rabougri, son tronc a gercé au soleil
Il a fallu le rajeunir comme on dit, couper les nids.
Une abeille charpentière y a élu domicile
Y creusant sans façon les entrelacs de sa maison.
Mais toujours chaque printemps une sève nouvelle
A fait renaître les variations du vert feuillage
.. sur son vieux tronc
Il est de l’âge de mes enfants qu’il a vu naitre
Puis s’envoler vers d’autres lieux
Il est de l’âge à disparaître mais je vois bien
Qu’il s’évertue à vivre encore une saison.

Ce serait trop triste de mourir au printemps.
On s’est assis à l’ombre grêle pour deviner ce qu’il advient
De nos membres qui lui ressemblent, noueux et tordus comme les siens.
Mêmes douleurs mêmes remèdes : demander au soleil quelques rayons
Aux jardiniers leur savoir faire, aux médecins quelques potions.
Ce serait trop triste de mourir au printemps.