24.2.09

et puisqu'on en était à l'orthographe

Et à quelques confidences d'autrefois, voici un ure petit extrait du temps où j'avais une classe de 6ème à TROYES

"Mais ce que j’aimais, c’était enseigner. J’en savais assez pour mes gamines de douze ans. Et j’apprenais mes leçons avec elles, c’était plus marrant. Je perfectionnais mon orthographe aussi. J’aimais bien la dictée. Je choisissais très soigneusement un beau texte, et je le disais de tout mon cœur, les aidant au passage à déjouer les pièges, à sentir les musiques. Dans ces baraquements improvisés dans la cour et qui nous servaient de salles de classe, peu de lumière, pas de profil perdu d’arbre ensoleillé, mais des filles de bonnetiers, aux ongles douteux, la clé de la maison pendue au cou et qu’on perdait parfois aux heures de gymnastique. Des cahiers défraîchis mais toujours par-ci par-là, un regard qui se lève d’entre la misère et demande autre chose.
Alors je corrigeais à tour de bras des feuilles un peu cornées qui sentaient la cuisine.
Tard après la classe nous avions des conciliabules de pleurs, de repentir et de promesses. Je forçais un peu sur l’émotion. Nous lisions la mare au diable. Nous allions la mettre en scène. Oui, elles voulaient bien sacrifier le samedi après-midi.
La maman retrouverait le soir les courses à faire, la vaisselle : notre professeur de français faisait cours de théâtre. Puis on irait dans les bois. On serait la petite Marie, Germain, la jument grise dans le brouillard. C’était bien autre chose que la rue E. Zola grouillante de désœuvrés."

4 commentaires:

Anonyme a dit…

...ce jour-là, je n'étais pas si loin. Au jardin peut-être, le dessous des ongles noirs de ma terre de Champagne.
Eh oui, tu as encore gagné, c'est le voisin qui passe. En voisin...
Qui ne dit pas son nom. Qui le dira peut-être, celui que tu sais ou bien encore un autre.
Dans les eaux de Venise les masques sont tombés...

Brigetoun a dit…

j'aurais du être ton élève (je sais cela pose un problème de dates)

micheline a dit…

Anonyme,
ah tu sais on a toujours peur de se tromper..
tu l'as dit:
pourquoi faut-il toujours être sûr de quelque chose?
et pourtant c'était si bien les mots en leur musique, l'estampille de l'authentique du soi.
bise mon voisin.

brigetoun ,
parfois les dates n'ont pas d'importance, et l'enseignant n'est pas toujours celui qu'on pense.

vincent a dit…

Une telle écriture mériterait d'être un jour éditées.
Peut être le prix fémina????