30.3.06

Quelques souvenirs

lampe à huile en cuivre


la petite ferme abandonnée où je suis née.( Haute- Saône)Le cabanon a disparu,la mare et le puits aussi.De l'emplacement du four à pain,qui s'ouvrait sur la salle commune il ne reste qu'une marque sur la façade
Peinture d'après une photo de 1990 la dernière fois où j'y suis allée


Eclosion : les poussins de Pâques

Bibelot:la petite souris a troué la chaussure

27.3.06

la vie traverse l'hiver

la gelée a cassé le pot mais la plante grasse renaît de plus belle
ces graines duveteuses de la viorne sont encore accrochées à la tige, elles n'ont pas cédé aux grands vents
le lichen lui se moque bien des grands froids
Dès la sortie de l'hiver, le gui porte déjà ses fruits en forme de boules blanches, tout en haut de l'arbre
encore une jolie protection laineuse autour de la graine de viorne

quand la vie recommence

chatons de noisetier
un oeuf s'est échappé du nid de colombe. je l'ai trouvé cassé au pied du sapin
premières pousses de la pivoine en arbre
un jeune chardon d'évertue à sortir de terre
bourgeons à fleurs du pommier du Japon

26.3.06

les vacances(suite)

Dans la famille de ma mère c’était tout autre chose. J’y ai connu des arrière-cuisines de ville, douteuses, sentant le gaz usé et l’eau croupie, où le beurre rance du petit matin me faisait lever le cœur, des lits entassés dans des espaces exigus, des salles de café. Des conversations suspectes, des tensions sous-jacentes. Des problèmes d’argent, de traites impayées, de paris hasardeux. Une sœur ou un frère à la dérive sur le pavé de Paris. Alors on ramenait ma cousine Paulette se refaire un peu à la campagne. C’était une grande bringue d’un an ou deux mon aînée qui m’entraînait dans de folles cavalcades à travers champs, m’initiait à certains attouchements secrets dans les jeux du médecin et du malade, ou m’aidait à liquider, vite fait bien fait, la bouillie de la petite sœur qu’on n’avait pas toujours le temps de lui faire manger. La rouler dans sa voiture pour l’endormir était aussi au-dessus de notre patience et nous l’abandonnions dans un coin de la cour où ses cris ne manquaient pas, dramatiquement, de réveiller mon père qui dormait.
Les vacances finies c’étaient mes parents qui devaient reconduire Paulette à Paris
Dans le train, bien sage sur la banquette, il fallait veiller à ne pas froisser la robe ou le manteau soigneusement repassé, éviter de poser les mains sur la poussière charbonneuse que les locomotives à vapeur dispensaient généreusement, puis attendre en espérant ne pas avoir mal au cœur, ce qui arrivait presque infailliblement.
En somme le tout clair, le miracle, la magie, c’était chez nous. La terre ouverte sous la bêche de mon père, luisante, vivante de lombrics roses, puis douce et meuble pour la laitue si tendre, le radis rose tout rond. Les saladiers de fraises écrasées. Les grillons dans les herbes du talus. L’œuf chaud qui bouge sur la glace froide quand une petite vie, à l’intérieur, signale sa présence. Les petites boules de duvet jaune qu’on mettait à sécher dans le doux d’une corbeille, en bas de la cuisinière. Le nid de poils blancs où nichaient les lapins nouveau-nés. Ou les ponts de neige durcie sur les fossés profonds. S’y aventurer vers midi, quand le soleil léchait la croûte brillante, offrait le risque délicieux de sentir sa jambe happée par une profondeur froide et rugueuse qui vous pénétrait jusqu’au haut des cuisses.
Le printemps revenait, après l’école, en sortant du village il y avait près d’une haie, un petit endroit abrité et creux où je guettais les premières violettes, et en automne la prunelle bleue. J’aurais voulu embrasser le monde. Le morceau de terre glaise que j’allais cueillir au revers d’un sillon offrait à mes mains la douce soumission de ses métamorphoses. Voir s’arrondir un bol, une assiette ne laissait pas de me ravir. Les voir se fendiller ou s’effriter me navrait.
J’aimais aussi notre maison, la grande cuisine, son carrelage rouge lavé d’eau claire, la pompe de cuivre brillant, la jolie suspension pour la lampe à pétrole, que mon père de temps en temps, repeignait d’une étonnante peinture argent. L’acquisition du buffet Henri II, de la cuisinière émaillée bleue, du fauteuil tapissier à fleurs, témoignèrent de notre promotion sociale. J’étais pleine d’admiration devant ma mère à sa toilette quand elle éclairait ses joues d’un joli fard rosé ou roulait une guiche espiègle sur le fer à friser. Je savais bien que les paysans qui passaient à la barrière la regardaient, même si elle faisait toujours semblant de ne pas s’en apercevoir. Le jour de la fête ou du 14 juillet, elle descendait au village au bras de mon père, dans une toilette claire et j’étais contente d’eux

22.3.06

MYSTICISME

Le Certificat d'Etudes approchait .
Il fallait réintégrer, après la récréation du soir, la salle empoussiérée pour les inévitables deux problèmes ou dictée-questions. Dehors l'herbe foisonnait de toute sa sève, les feuilles du tilleul nouvellement dépliées brillaient de tout leur vert
…….
Ma crise de mysticisme religieux se situe un peu avant.
Le dimanche maman nous préparait pour la messe de dix heures et demie. Absolument athée ma petite mère, mais c'était l'occasion de voir ses filles - de les faire voir? - propres comme un sou neuf, parées de ces jolies toilettes dont le renouvellement chaque printemps et chaque automne, lui mettait au cœur une petite fièvre créatrice et poétique.
Nous partions, ma sœur et moi, un peu raides dans nos souliers vernis, qu'il ne fallait pas, à tout prix, écorcher aux pierres du chemin, un peu frissonnantes sous le tissu léger qui flottait au vent encore aigre du printemps. De rigueur aussi le joli chapeau de paille fleuri, pour entrer à l'église. On y respectait scrupuleusement tous les gestes et attitudes rituels mais il était permis de se laisser envahir par la très douce hypnose sensuelle qu'enfantaient l'encens et l'harmonium. Le mois de Marie avec ses reposoirs, ses cantiques, ses débauches de pétales de pivoines et de roses était une fête de tous les sens. J'eus une crise mystique.

Madame Riot, une vieille dame qui nous initiait au catéchisme était d'une piété si convaincue que je fus saisie par l'amour divin et sa terrible tyrannie. Dans le froid de notre chambre, le soir, je faisais agenouiller ma petite sœur qui devait avoir cinq ou six ans, pour la faire prier : elle se soumettait sans murmure aux exigences de mes convictions.
……………
L'année suivante ce fut le curé qui nous prépara à la Communion solennelle. Cette année fut celle de bouleversements profonds. Je perdis tout à fait la foi. Ce vieux curé qui sentait l'encens moisi et le tabac froid devait l'avoir perdue aussi et se contentait de nous faire réciter les réponses toutes faites aux questions toutes faites consignées dans le livret d'usage, tandis qu'il tâchait d'ignorer que, sur les bancs derrière nous, les garçons nous lançaient quelques projectiles puants ou collants, attendant la sortie pour nous attaquer sournoisement.

Si je détestais ces garçons sots et agressifs qui nous attendaient à la sortie de l'église, ce que j'éprouvais quand ils nous serraient les poignets ou nous tordaient les bras était bien autre chose qu'une douleur physique ! Et ils le savaient bien sans doute

C'est dans cette atmosphère bête et méchante que Dieu fit naufrage tout aussitôt. Ma réaction fut brutale, absolue, comme l'avait été ma foi. On ne me referait plus le coup du Père Noël!

Le jour de ma première communion, j'authentifiai mon reniement par une profanation : je pris de la nourriture avant de partir à la messe, à l'insu de tous, tout à fait volontairement.

Pendant la cérémonie je n'eus pas à déplacer beaucoup mon regard du tabernacle vers un être plus accessible. Celui qui tenait l'harmonium, en face du premier rang des filles était un splendide gars de la campagne et quand il chantait de sa voix pleine et grave, dieu se faisait homme. Il avait le profil fervent, immobile, tout pénétré d'un feu intérieur qui suffisait à mes rêveries, à mes extases. Je fus envahie par une grande passion muette, sans désir ni espoir, que celui de l'apercevoir, quand il passait sur la route près de notre maison, partant pour les travaux des champs.

21.3.06

j'ai les mains vides de Lynda Lemay

La chanson qui accompagne la video suivante m'a été offerte par Cléo, merci encore à elle

petits coins de maison


petits coins de maison
Vidéo envoyée par coralline
ce printemps est bien frileux ,il fait encore bon à la maison

20.3.06

Vivre de souvenirs.??

Les deux vies


Dans les matins dorés de ma première enfance

Ton image peut-être avait déjà fleuri ;

Discret, son doux parfum embaumait mon esprit

En murmurant, câlin, les mots de ton silence.



Puis, quand vinrent les jours de mon adolescence,

Toute éclose en mon cœur elle se fit plus tendre ;

A son charme rêveur je me suis laissée prendre

Et recueillis en moi l’écho de ta présence.



Et Midi brûlera les feux d’un plus grand âge…

L’automne avancera dans sa rouge parure,

La fleur deviendra fruit, le fruit tombera, mûr.

Et pourtant je devrai poursuivre le voyage…



Enfin, par les soirs bleus d’un douloureux déclin,

Va, je pourrai toujours vivre de souvenirs…

Toi, tu ne seras plus… et seule, j’irai dire

Sous l’ombrage des ans mes poèmes anciens.


J M HEREDIA

19.3.06

MES VACANCES DE PETITE FILLE

C'était un miracle quand nous pouvions quitter la maison pour un bref voyage dans les familles, dans celle de mon père surtout.
C'était une fête que les cousins retrouvés, que les greniers et les granges odorantes de Savoyeux.
Quand la Saône retirée dans son lit, avait laissé dans les prés de grandes poches d'eau, les noues, mon oncle nous emmenait y lancer l'épervier qui capturait dans ses mailles tout un frétillement de jolis poissons brillants.
Il y avait aussi un grand jardin de sable où foisonnaient pêle mêle la menthe, la salade ou le pied d'alouette avec lequel on fait de si jolies rosaces, la goutte de sang, et la superbe prune-pêche échouée dans les choux.
Nous couchions chez ma grand-mère, ma petite grand-mère ratatinée comme les pommes qu'elle nous gardait précieusement, jusqu'à l'extrême limite, sous son lit.

Elle habitait une seule grande pièce, toute proche de la maison de sa fille dont elle formait une sorte d'annexe, depuis que l'hémiplégie mon grand-père les avait obligés à quitter la ferme de la Madeleine. Maintenant qu'il était mort elle vivait là, seule.
Deux grands lits, au fond, séparés par la comtoise, deux armoires, une grande commode avec des portraits et des bibelots, une table ronde au milieu, un grand fauteuil près de la fenêtre du jardin et encore près de la porte, une table minuscule avec sa cuvette d'émail, le seau d'eau fraîche posé par terre, précieusement protégé des poussières par un couvercle.

Le matin on se réveillait au bruit du soufflet qui ranimait la braise, à l'odeur du lait et du café qui chauffaient, au son grêle de la comtoise. Ma douce petite grand-mère venait ensuite nous glisser, avec le premier baiser du matin, un petit morceau de chocolat qui me barbouillait parfois le cœur.

Chez une de mes tantes, à Lœuilley où nous allions quelquefois passer une semaine de vacances, c'était une fête un peu plus mélancolique, sans enfants de notre âge, mais non sans spectacles fascinants : l'immense cour avec son grand fumier central où trônait, au milieu de toutes sortes de volailles, un coq puissant et terrible ; l'abreuvoir de pierre où, à portée de main, venaient les chevaux et les vaches laitières, aspirer l'eau vivante dans une sorte de recueillement d'aise. La soue aux cochons, grouillante de groins avides et turbulents. Quand ma tante déversait le seau de nourritures mêlées, il fallait prendre garde !

Dans cette ferme, pendant les années 30, on pouvait encore voir cuire le pain au four, glisser la calotte de crème, décollée au doigt du pot de grès, dans la baratte de bois où allait s'opérer la transmutation. Tout à coup quand on avait, à genoux par terre sur un sac plié, longtemps tourné la manivelle, on entendait un grand floc : le beurre était pris. On ouvrait, on sortait la pâte dorée qu'on lavait à grande eau. Le petit lait irait aux cochons mais auparavant, on en appréciait l'aigrelette saveur dans un grand bol à fleurs.
Ce qui me plaisait moins c'était la robe à rayures ou à fleurettes grises que ma tante me faisait confectionner par la couturière du village, dans le reste de ses jupons de paysanne.

pour les enfants

pour les enfants

16.3.06

mon histoire p 2

ce témoignage est celui d'un émigré magrébin en France dont vous pouvez suivre l'histoire sur mon blog " au grenier des souvenirs" à l'adresse: michelie85.blogspot.com
ou cliquer sur mon lien: Au grenier des souvenirs

pour lire cliquer sur l'imge du texte

15.3.06

machine d'hier et mimosa d'aujourd'hui

Quand les enfants s'en vont..(Suite )

Quant à mes parents, ils partaient pauvres, démunis, mais plein d'espoir. Papa était nommé sémaphoriste auxiliaire à Pringy dans la Marne. Il était venu louer un très modeste deux pièces au village, avait commandé une voiture et un cheval pour transporter leurs bagages depuis la gare de Vitry-Le-François. On profita de l'occasion pour faire une halte au bazar le plus proche, y acheter une table, un petit buffet de bois blanc, quatre chaises paillées et une cuisinière. Le buffet ne nous a jamais quittés. C'est lui qui est actuellement à Dammartin, au sous-sol et où on range les articles de pêche.

Il restait à peine quelques francs pour attendre la première paie, mais ça allait. Le cœur y était : une place bien à soi, du travail pour lui, pour elle un jeune bébé dont les premiers sourires justifiaient la ferme certitude d'un avenir meilleur.
Maman qui avait servi dans les intérieurs de la petite bourgeoisie y avait puisé une certaine idée de la réussite sociale : de beaux meubles luisants, des porcelaines délicates, la déférence des humbles. De sa pauvreté, de ses humiliations, elle ne voulait plus. Son mari était sérieux, sobre. A force de volonté ils y arriveraient. Bientôt en effet, grâce à des trésors d'astuce, d'acrobaties alimentaires, beaucoup de goût, elle réussit à donner le change. Elle était bien convenable cette jeune femme, élégante même parmi les gens du village quand elle allait attendre son mari tout en promenant le bébé, près du passage à niveau où il travaillait.

Cependant elle ne tarda pas à échafauder d'autres plans. Elles étouffait dans le cadre étroit de femme au foyer adroite et proprette. Si elle pouvait travailler, elle aussi ! Avoir un salaire, si modeste soit-il ! Mais que faire à la campagne avec un jeune enfant ?
Certes, on embauchait aussi des femmes au Chemin de fer. Fallait voir. ... On obtint un poste double de gardes-barrière sémaphoristes : douze heures de jour pour elle, douze heures de nuit pour lui, un jour de repos par semaine qu'on pouvait abandonner de temps en temps pour quelques jours de congé groupés. Presque le rêve ! Les contraintes du travail de nuit, l'isolement loin du village seraient compensés par l'avantage d'être logés sur place. Ils ne dormiraient plus guère ensemble mais ils pourraient s'entraider pour toutes les besognes, on cultiverait ce grand jardin, on élèverait des lapins, des volailles.

Papa se laissa convaincre de nouveau et nous quittâmes Pringy.
J'avais tout juste trois ans. Je n'y suis jamais retournée. Pas de photos non plus. A part une ou deux anecdotes, rien n'est venu métamorphoser mes souvenirs. Ce sont des images simples mais très nettes comme encadrées d'un gris très doux.
La maison d'abord, la maison de Pringy, longue et basse, sorte de rectangle dont le petit côté aveugle donnait sur la rue, et dont le grand côté s'ouvrait sur une cour sans barrière, au sol irrégulier, limitée en face de la maison par de grandes frondaisons qui devaient être celles d'une haie du jardin. En entrant dans cette cour, on avait à main droite d'abord le logement d'une vieille dame seule, Madame Chatelot, la propriétaire sans doute et la seule voisine dont j'aie conservé le nom et le souvenir. Ensuite c'était chez nous. On entrait par une lourde porte pleine dans une pièce pourtant bien éclairée par une fenêtre, sous laquelle une forme vague devait être l'évier ; à gauche sur le pan de mur perpendiculaire, la cuisinière et enfin une ouverture sur le noir, celle de la chambre où je ne devais pénétrer que les volets tirés pour un meilleur repos. J'ignore tout de cet antre mystérieux. La deuxième vision que j'aie conservée bien nette aussi mais plus pauvre est celle d'une route barrée avec, à sa droite, un petit endroit construit où nous allions parfois voir papa. Je revois deux grandes roues de chaque côté de moi, celles de la charrette de bois dans laquelle ma mère me transportait. Et il me semble, sans en être tout à fait sûre, que je portais une sorte de fourrure blanche, frisée, très douce, autour de mon cou. La rupture avec ces images frustres les fixa probablement pour toujours comme celles d'un premier cocon que l'on doit abandonner.

Les anecdotes qui ont survécu témoignent de mes premières velléités d'indépendance ou de sociabilité.
Quand la voisine nous rendait visite je savais déjà recevoir avec civilité :
- Assieds-toi Madame Chatelot ! Et de me précipiter pour lui avancer une chaise.
Mais pas question de me laisser faire par le docteur appelé en consultation pour une bronchite, de me laisser tripoter par un inconnu et qui de plus réclamait de l'eau !
- Pas d'eau ! Pas d'eau !

Ce "pas d'eau, pas d'eau" a longtemps fait partie des petits signes de ralliement secrets qu'on a dans les familles, tout comme le "Et ben m'en vais".
Un jour que j'avais été grondée pour je ne sais quelle sottise je déclarai :
- Et ben m'en vais.
- Va t'en, dit ma mère et, illustrant cette déclaration, elle me fit sur-le-champ un petit balluchon de quelques unes de mes affaires et me le tendit. Je le pris sans hésiter, quittai la maison et débouchai sur la rue où je tournai hardiment de manière à ne plus être vue.
Après quelques minutes qui durent lui paraître une éternité, ma mère s'avança et me découvrit blottie contre le mur.
- Allez, viens, dit-elle.
Je ne me fis pas prier et la suivis aussitôt.

Que de départs avortés depuis !

13.3.06

Message de L'Association Pour l'Autobiographie

Je vous ai déjà parlé de l'APA .Pour ceux qui en seraient curieux et seraient disponibles il y a le 18 Mars, 14 h 30 à 17 h 30 une table TABLE RONDE sur le thème:

AUTOBIOGRAPHIE ET DISCOURS FAMILIAL : NID DE COLOMBES OU NOEUD DEVIPÈRES ?

à École Normale Supérieure, salle Dussane, 45 rue d'Ulm 75005

Avec Karin Bernfeld, Jean François Chiantaretto, Alex Lainé, VéroniqueLeroux-Hugon. Séance animée par Maggy Poulet.
C'est ouvert gratuitement à tout public sans obligation de participation active.Ces réunions sont en général intéressantes et chaleureuses , laissez-vous tenter!...
micheline.

11.3.06

1914: le cheval de mon père......... qui lui sauva la vie.

Sa vie qui prit une orientation nouvelle

C'était il y a presque un sciècle.
Pourquoi revenir si loin dans le passé ?
peut-être pour essayer de percevoir comment peu à peu notre société a évolué pour aboutir à nos problèmes d'aujourd'hui :

les campagnes désertifiées , les mégalopoles , l'industialisation galopante , la compétition effrénée qui entraine tant de conflits entre ceux qui n'ont plus de travail à donner à tous, ceux qui luttent pour leur survie dans des affrontements désespérés...
Trouver les remèdes?
Qui?
"chacun est bien tout petit" comme cela a été dit et bien aveugle devant le mystère de la vie.faut-il se retirer sous sa tente ou chercher encore?

Je suis un peu pessimiste ce matin et je m'arrête sur le mot croissance un maître mot d'aujourd'hui.
Nos sociétés comme tant de civilisations passées finiraient- elle par mourir de leur croissance ?auraient-elles fatalement un commencement, un développement et une fin, comme un système solaire, comme une planète, comme un arbre qui voit mourir ses branches le plus faibles ou les moins bien placées, élaguées au profit de quelques autres plus fortes qui finiront quant même par mourir?

qui va venir me rassurer?

10.3.06

La terre(suite) : Quand les enfants s'en vont

Bref la bonne Séra ne fut pas fâchée à l'idée de se retrouver seule avec son homme, gouvernant de nouveau son beurre et ses fromages. Ils trouveraient bien le moyen de finir les récoltes d'automne, d'user leurs dernières forces sur cette terre ingrate mais familière. Peut-être y avait-il aussi tout au fond de son cœur une sorte de soulagement, un espoir inavoué dans les choses du Progrès qui assurerait à son petiot un avenir à l'abri des aléas de la dure vie des champs.
Comme elle avait tremblé pour lui ! Elle revit un instant le seul grand voyage qu'elle fit à Grenoble, avec son homme l'Alfred. Ils allaient revoir une dernière fois leur fils mourant à l'hôpital militaire. Le petit chasseur, lors d'une mission de reconnaissance, avait été tiré tout droit par une sentinelle prussienne embusquée derrière un fourré...
Le cheval a viré brusquement. Il file vers les lignes amies. Son oreille bat sous le sang qui gicle. Il ramène le petit chasseur affaissé sur son encolure jusqu'au poste où les camarades le reçoivent dans leurs bras.

L'artère de l'épaule est sectionnée et c'est un miracle qu'un caillot se forme et arrête l'hémorragie mortelle. Cependant sous la plaie refermée quelque chose ne tarde pas à pourrir. L'infection gagne de vitesse. Il est perdu. On prévient les parents qui entreprennent ce long voyage. Comment ? Par où sont-ils passés ? Je n'ai pas su, pas demandé. La seule chose à savoir : quand ils arrivent, leur enfant vit. Il est mieux même.
Un jeune chirurgien, hardi pour l'époque, a débridé la plaie, ligaturé l'artère, nettoyé le foyer d'infection. Vingt ans de forces vives allaient faire le reste. Merci mon Dieu !Oui c'était mieux qu'il parte maintenant pour un travail plus doux, plus sûr. Ma grand-mère Séra rangea dans l'album, la photo de son petit soldat debout aux côtés de sa belle infirmière et caressa la tête du vieux chien César.

9.3.06

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir

Je me réveille avec cette phrase:
D'où vient-elle?

De cet hiver qui ne veut pas finir?
De ma vie qui ne veut pas finir?
D'un mysticisme qui ne veut pas finir?

J'ai recherché tout le texte et vérifié l'auteur.


HARMONIE DU SOIR.

Voici venir le temps ou vibrant sur sa tige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir
Valse mélancolique et langoureux vertige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir
Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige
Valse mélancolique et langoureux vertige
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir

Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige
Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige

Un coeur tendre qui hait le néant vaste et noir
Du passé lumineux recueille tout vestige
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir

Baudelaire.

8.3.06

La Terre:première rupture ou un pas vers la désertification des campagnes

Affecté, après sa blessure, au poste de D.C.A. de Dammartin-en-Goëlle, papa avait remarqué l'air sérieux de la petite serveuse du café que fréquentaient les soldats, et l'avait séduite par un brin de courtoisie et de gentillesse dont elle n'avait pas l'habitude. Elle l'avait suivi sur ses terres.
Pour elle, qui n'avait connu que celles des autres, celles des grands propriétaires de la Brie ou du Soissonnais où, avec son père et ses neuf frères et sœurs elle avait travaillé à tâche, trempée jusqu'au ventre au long des rangs interminables de betteraves à arracher ou brûlée de soleil quand la moisson battait son plein, c'était l'espérance.
Bien vite cependant elle ne vit dans la petite exploitation de ses beaux-parents qu'un autre aspect de la misère ; terres ingrates, travaux routiniers ne permettraient guère que de savourer la lenteur du temps au long des soirées d'hiver ou d'éclairer les dimanches d'un bruit d'abeille, d'un parfum de mûre, non de satisfaire sa jeune impatience. Et puis le bras guéri mais affaibli de son mari pourrait-il supporter les rudes travaux des champs ? Vraie raison ? Alibi ? Toujours est-il qu'elle finit par le persuader de tenter sa chance ailleurs. Un certain cousin Rigotte, employé au chemin de fer, lui donna la marche à suivre. On lui offrit un poste. Le sort en était jeté, il serait fonctionnaire.
Le père avait attelé la Mourette, chargé sur la charrette un maigre balluchon, un lit et un matelas, serré son fils et la toute petite de trois mois dans ses bras en essuyant une larme. La mère n'avait rien dit. Elle savait bien que les filles de la ville ne sont pas sûres. Les rapports entre les deux femmes n'avaient pas été sans ambiguïté. Dès la première barattée ma grand-mère avait cru bon l'interroger la jeune maîtresse de maison :
- Garderons-nous du beurre ?
Et ma mère croyant deviner des habitudes d'austère économie, de répondre :
- Ce n'est pas la peine.
Maladresse impardonnable alors qu'il eût été si simple de dire :
- Faites comme d'habitude.
- Tu vois, se plaignit la mère à son fils, elle ne veut pas que nous gardions du beurre, elle veut tout vendre.Il y eut ainsi toutes sortes d'insidieux froissements et malentendus. Ma mère se tenait sur ses gardes, ma grand-mère affectait une humilité suspecte. Elle n'était plus chez elle. Elle s'isolait aux champs comme une servante, demandait la permission de donner un oeuf frais à ce "Tignot". Le Tignot, c'était son premier petit fils, mon cousin Raymond, en visite chez sa grand-mère!

7.3.06

J'étais née de la terre.....

Ces mots doivent être pris, d'abord au sens propre, comme en témoigne le début de mon histoire :

On l'appelait le Châté. Une survivance sans doute de je ne sais quelle munificence dont il ne restait qu'une humble ferme et une jolie légende : un trésor enfoui au fond d'un puits disparu. C'est là que je suis née en mai 1920.Là où je suis venue souvent pendant ma petite enfance.
J'étais adolescente quand je revins, après de longues années, revoir la maison désormais close. Derrière le volet de bois, tiré sur la chambre, dormait la magie de mes premières sensations, de mes premiers souvenirs. Un haut lit de plume et de laine, un pétrin où reposait la pâte odorante quand, souple et dorée, elle ne s'enroulait pas autour des bras bruns et vigoureux de ma grand-mère.
A côté était la salle commune, avec sa table grande et forte, l'évier de pierre sous la fenêtre parcimonieuse, le seau d'eau fraîchement puisée, le fourneau bas et large où la braise couvait toute la nuit et surtout le four. Le four à pain et à gâteaux où la flamme dévorait de gros fagots avant de cuire et de restituer la miche ventrue et la tarte aux prunes, comme pour une fête.
Dehors, c’étaient les prés, celui de devant avec sa sente médiane menait quelque part vers les trois ou quatre fermettes du hameau de la Madeleine dont nous faisions partie, perdues dans la feuillée de l'autre côté du Cabri, un vague ruisseau interdit. Des champignons blancs blottis dans la rosée. Un cabanon au toit pointu, couvert de paille, une mare aux canards et aux grenouilles, un puits de frayeur qui avalait les seaux au bout d'une chaîne grinçante et puis le jardin, protégé des poules et des enfants par un grillage mais qui sentait si fort la fraise qu'il renaît à chaque fois au moindre effluve évocateur.
On gagnait Seveux, le bourg le plus proche et son pont sur la Saône, par des chemins ténébreux, enfoncés dans les frondaisons.
Mes grands-parents paternels avaient espéré voir se continuer la lignée dans ce coin perdu mais douillet de Franche-Comté.
L'aîné quitta la terre. Les deux filles se marièrent dans la région. Mais le dernier des fils, Michel était revenu au pays, la guerre terminée, une jeune femme de la ville, fraîche et pimpante à son bras. Il souriait d'un petit air fanfaron et narquois à ces "bonnes filles de chez nous" que, disait l'oncle Félix, il aurait mieux fait d'épouser. Mais il ne craignait rien. Sous le flot mousseux des cheveux cendrés et des cotillons à la mode se cachait une fille de la terre, élevée à la diable et à la dure et qui ne rechignait pas devant la besogne.

3.3.06

Petit poème

TERRE GLAISE


Lourde et forte comme une vie
Offerte à la création,
Douce et molle aux doigts d’enfant,
Impure et menacée au soleil des humains
Où s’écaille l’ébauche de leurs rêves violents,
Garderas-tu mémoire des chemins dérisoires
Où nous avons marché, voulu, aimé
Quand dormirons tranquilles
En ton mystère serein ?

Tu fus ma sève, mon feu et ma patience,
L’origine du temps à chacun imparti,
Les formes impétueuses que mes doigts ont pétries,
Ma survivance solitaire,
Mon bon pain pour demain.

Tu fus mon combat et mes défaites,
Le doux linceul de ceux qui nous quittèrent,
Le puits sans fond de mes larmes amères,
Les ornières sans nombre où s’égarèrent mes pas.

Hélas qu’avais-je à faire des combats incertains
Que se font les Idées au ciel platonicien ?

J’étais née de la terre
Pour être jardinière d’une rose éphémère.

30 mai 1996.

M. Lucas.

2.3.06

Service militaire

J'ai lu avec intérêt et attention " Chers Parents" d' Aben dont on peut trouver la mise en ligne progressive sur son site :
http://intoxinfo.over-blog.com/

Cet ensemble de "Lettres aux parents" peut suggérer bien des réflexions.
A travers son vécu d' appelé de décembre1955 à janvier 19558 l'auteur nous offre, entre autres, sa perception de l'armée , son organisation, sa hiérarchie, son implication dans les évènements de l'époque en Algérie.

Depuis les choses ont-elles évolué? le mode de recrutement a changé et je remarque que, dans mon entourage , beaucoup de jeunes s'orientent vers la carrière militaire ou la police. Faute de mieux étant donné le chômage ?ou avec la connaissance des enjeux et par choix délibéré?

Voici une
Petite histoire du service militaire
en France ...( copié sur la toile)

5 septembre 1798: création du service militaire. Chaque français de sexe masculin est soldat de 20 à 25 ans.

10 mars 1818: le recrutement se fait par engagement et tirage au sort.Service de 6 ans.

27 juillet 1872: Service national obligatoire de 5 ans pour tous les hommes.

1913: le service est porté de deux à trois ans.

1939: il est ramené à deux ans.....

1970: service national de douze mois

1993: celui-ci est ramené à dix mois

1997: nouveau service national et début de la professionnalisation de l'armée.

1.3.06





LA ROSE DE NOËL

et à l'intérieur

UN PAPILLON QUI S'EST REVEILLE

au bord de la vitre

EN HIVER



la rose de Noël fleurit en hiver

MA SEINE ET MARNE D'HIVER

"Elle est bien jolie ta Seine et Marne d’hiver".

Toujours le mot pour rire Aben !
Moi je ris à retardement !
C’est l’âge !
Mais non je ne voulais pas frimer
Mais comment expliquer
Que nous étions là
Avec du feu à la cheminée
Et une petite annexe
En location !
Si jolie en hiver
Par anticipation !

« Cachez donc ce surplus que je ne saurais voir,
Moi qui suis sous les ponts où la glace me pince
Moi qui, dans le petit matin, mon bureau je rejoins,
Moi qui dans mon HLM souffre de mes voisins
Qui souffrent tant du bruit de leurs gentils voisins »

La vérité est toujours longue à dire
Engluée qu’elle se trouve dans tant de petits riens
Cernée de toute part par les lois du destin.
Car par un brin de chance héritée du malheur qui décima les nôtres
Nous reçûmes en garde ce que ne pouvions guère
Confier, pour quelque euro, à la gente étrangère..

De l'autre côté de la route pourtant
Un peu de terre fut vendue à l'entreprise proche
Qui promit de garder les pommiers, foi jurée !...
Cultiver un jardin c’était bien son envie.

Mais les lois du marché autrement décidèrent
Nous avons maintenant de gros tas de ferraille
Et cables de toutes sortes qui, dans la « Brie Boisée »
Nous rappellent, de leurs déchets fumants,
Que produire n’est pas que poésie.

Que dire à ce patron qui, sur ses grues, s’échine
Et tard le soir ou pendant le weekend nous fait
En bonne politique non sans quelque rouerie
Un signe d’excuse et de remerciement.

Mohamed était là aussi à longueur de journée
Pour veiller aux santés de toute mécanique
Et loua le « wagon »qu’il reçut tout fleuri .
Il pouvait à loisir dès le soleil levant,
Dans la véranda, faire ses dévotions.

Mais voilà quelque chose a grincé : patron et employé!
Mohamed s’en va , nous laissant comme souvenir
L’empreinte de ses gros doigts tout tachés de cambouis
Car tout n'est pas que poésie!

Hors ces quelques fleurs :
La rose de Noël en grosse touffe sortie
Et le blanc perce-neige qui la neige défie,
Dans ma Seine et Marne d'hiver