18.12.07

fin d'année... fin de vie

Je suis en train de lire :


« ENSEMBLE C’EST TOUT » ( ANNA GAVALDA) Dépôt 2005-2007 ; collection « j’ai lu »


Voici un petit extrait qui donne un aperçu du ton, du réalisme et de la tendresse qui lient les personnages, « ces quatre – là qui n’auraient jamais dû se rencontrer... Trop perdus, trop seuls, trop cabossés… Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l’amour - appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peu »
.
Frank est venu voir sa grand-mère Paulette Lestafier dans une maison de retraite. Elle espère toujours qu’il va la faire sortir de là
Mais pour Frank c’est impossible,et voici ce qu’il se décide à lui dire :


Ecoute-moi, Paulette Lestafier, écoute-moi bien :
« tu vivais seule
dans une maison que tu adorais et que j’adorais aussi. Le
matin, tu te levais à l’aube , tu préparais ta Ricorée et tu la buvais en
regardant la la couleur des nuages pour savoir quel temps il allait faire.
Ensuite, tu nourrissais ton petit monde, c’est ça ? ton chat, le chat des
voisins, tes rouges-gorges, tes mésanges et tous les piafs de la création. Tu prenais ton sécateur et tu leur faiais leur toilette à tes fleurs avant la tienne. Tu t’habillais, tu guettais le passage du facteur ou celui du boucher. Le gros Michel, cet escroc qui te coupais toujours des biftecks de 300 grammes quand tu lui en demandais 100 alors qu’il savait très bien que tu n’avais plus de dents… oh ! mais tu ne disais rien. Tu avais trop peur qu’il oublie de klaxonner le mardi suivant…Le reste tu le faisais bouillir pour donner du goût à ton potage. Vers onze heures, tu prenais ton cabas,et tu allais jusqu’au
café Grivaud pour acheter ton journal et ton pain de deux livres. Il y
avait bien longtemps que tu n’en mangeais plus, mais tu le prenais quand même … pour l’habitude…et pour les oiseaux… souvent tu croisais une vieille copine qui avait lu la rubrique nécrologique avant toi et vous parliez de vos morts en soupirant. Ensuite, tu lui donnais de mes nouvelles. Même si tu n’en avais pas… pour ces gens-là, j’étais aussi célèbre que Bocuse, pas vrai ? tu vivais seule depuis presque vingt ans, mais tu continuais de mettre une nappe
propre et de te dresser un joli couvert avec un verre à pied et des fleurs dans un vase. Si je me souviens bien, au printemps, c’était des anémones, l’été des reines-marguerites et en hiver, tu achetais un bouquet sur le match » en te répétant à chaque repas qu’il était bien laid et que tu l’avais payé trop cher…L’après midi, tu faisais une petite sieste sur le canapé et ton gros matou acceptait de venir sur tes genoux quelques instants. Tu terminais ensuite ce que tu avais entrepris dans le jardin ou au potager le matin même…tu n’y faisais pas grand’chose, mais quand même, il te nourrissait un peu et tu bichais quand Yvonne achetait ses carottes au super marché. Pour toi c’était le comble du déshonneur…
« les soirées étaient………( coupure)
Chaque fois que je revenais te voir…( coupure)
Je n’osais rien te dire, mais je voyais bien que ton jardin n’était plus aussi propre……….je voyais bien……( coupure)
……
Oui ne me regarde pas comme ça mémé … je les ai toujours vus tes énormes bleus que tu asseyais de cacher sous tes gilets… J’aurais pu te prendre la tête beaucoup plus tôt avec tout ça… te forcer à voir des médecins et t’engueuler pour que tu arrête de te fatiguer avec cette vieille bêche…..que te fliquer et de m’envoyer tes résultats d’analyses … mais non, je me disais qu’il valait mieux te laisser en paix et que le jour où ça n’irait plus, eh bien au moins tu n’aurais pas de regrets, et moi non plus ..au moins tu aurais bien vécu. Heureuse. Peinarde. Jusqu’au bout.
« Maintenant, il est venu ce jour. On y est là... et tu dois te résoudre, ma vieille. Au lieu de me faire la gueule, tu devrais plutôt penser à la chance que tu as de vivre plus de quatre vingt ans dans une maison aussi belle et….
Elle pleurait .....


Epilogue:...et la mémé finira par sortir..grâce à.....

3 commentaires:

Brigetoun a dit…

un d mes manques Gavalda - autour de moi on aime et je ne pense pas à la lire - idiot - mais il y a temps, et je lis moins (à cause d'internet ?)

marie.l a dit…

oui toute l'émotion que l'on peut ressentir à la lecture de ces lignes, oui...
merci Micheline d'avoir parlé de cela, merci aussi à toi d'être si souvent présente chez moi ce que je regrette d'être moins chez toi actuellement...

tanette a dit…

J'ai beaucoup aimé ce livre (et le film aussi d'ailleurs) plein d'amour et de tendresse sous un ton plutôt "rustre"....