19.2.08

Histoire de cactus ou le rôle de l’imaginaire..

De ce cactus , il n’y a que la photo qui m’appartient.
Le vrai cactus était chez ma petite voisine qui vient de déménager .et qui ne m’a laissé en souvenir que d’autres spécimens dont un à petites fleurs moins spectaculaires
et qui fleurit en ce moment

Merci à qui, jalouse de mon cactus imaginaire, vient de me faire voyager vers un autre imaginaire, celui de Colette qui –dans son roman « La naissance du jour » rapporte à sa façon, combien Sido, sa mère attachait d’importance à l’éclosion de cette fleur de cactus :

Extrait :
«Monsieur,
Vous me demandez de venir passer une huitaine de jours chez vous, c'est-à-dire auprès de ma fille que j'adore. Vous qui vivez auprès d'elle, vous savez combien je la vois rarement, combien sa présence m'enchante, et je suis touchée que vous m'invitiez à venir la voir. Pourtant, je n'accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant. Voici pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir. C'est une plante très rare, que l'on m'a donnée, et qui, m'a-t-on dit, ne fleurit que sous nos climats tous les quatre ans. Or, je suis déjà une très vieille femme, et, si je m'absentais pendant que mon cactus rose va fleurir, je suis certaine de ne pas le voir refleurir une autre fois...
Veuillez donc accepter, Monsieur, avec mon remerciement sincère, l'expression de mes sentiments distingués et de mon regret. »
Ce billet, signé « Sidonie Colette, née Landoy », fut écrit par ma mère à l'un de mes maris, le second. L'année d'après, elle mourait, âgée de soixante-dix-sept ans.


Mais voici la vraie lettre de Sido

La lettre de la mère de Colette (document authentique non daté, publié en 1953)

Monsieur de Jouvenel
Votre invitation si gracieusement faite me décide à l'accepter pour bien des raisons, parmi ces raisons il en est une à laquelle je ne résiste jamais : voir le cher visage de ma fille, entendre sa voix. Enfin vous connaître et juger autant que cela est possible qu'elle ait jeté avec autant d'enthousiasme son bonnet par-dessus les moulins pour vous. Mais j'abandonne pour q.q. jours des êtres qui n'ont que moi sur qui compter : la Mine, qui m'a donné toute sa confiance et sa tendresse, un sedum qui est près de fleurir et qui est magnifique ; un gloxinia dont le calice largement ouvert me laisse à loisir surveiller la fécondation.
Tout cela va souffrir sans moi mais ma bru me promet de veiller. Elle le fera certainement, trop contente d'être débarrassée de sa belle-mère pour q.q. jours.
Donc, à bientôt je pense, mais dites à Gabri que j'attends qu'elle m'écrive. Vous savez qui est Gabri ? C'est bien pire : elle s'appelle Gabrielle. Le saviez-vous ?
Je m'appelle bien
Sidonie Colette

5 commentaires:

Brigetoun a dit…

ne sais si a fille avait un coté cactus (très joli le petit à propos), mais elle préférait "gaze" ce qui lui était désagréable -et le style de la mère est fort élégant

Rosie a dit…

Merci pour cet extrait du livre de Colette et de la lettre de la maman.

Les cactus, j'ai bien de la difficulté à garder les miens.

Bon mercredi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.

micheline a dit…

gaze? gazer? chambre à gaz..on en parle..
et bel Gazou?? j'ai aimé la sensualité de Colette et de "par coeur" il ne me reste que :
"violettes bleues, violettes blanches et violettes d'un bleu blanc veinées de mauve, vous treillagez le ciel laieux d'avril et la palpitation de vos petits visages innombrables m'enivre"

Solange a dit…

Que de beaux souvenirs. J'ai lu une biographie de Colette de Claude Pichois et Alain Brunet que j'ai beaucoup aimé.

Rosie a dit…

Un p'tit coucou en passant.

Bon jeudi et bisous de ta p'tite cousine du Québec.