21.6.09

Des livres et des films (La résistance pendant la guerre 39-45) ,

Non je n’ai pas vu le film « L' Armée des ombres » de Melville.
Pas vu ni lu non plus ce gros bouquin de 900 pages "Alias Caracalla" de Daniel Cordier présenté dans un article du Monde. Merci à Jean Claude de m’en avoir donné les liens.( voir son commentaire dans mon billet précédent .Aucun rapport avec la mort de la petite poule noire ?? Allez savoir !!!
Vraiment beaucoup de grain à moudre pour revisiter les dessous le l’histoire de la dernière guerre et en particulier celle de la Résistance française .

J’ai déjà dit que je n’ai été impliquée ni dans la collaboration, ni dans la résistance,- dans le marché noir non plus- et pourtant je l’ai vécu ce temps, non dans l’indifférence mais avec quelques idées à moi que j’ai eu le tort d’appeler transgressives… étant celles de beaucoup d’autres qui n’avaient guère la parole pour les exprimer.
Un peu à part aussi l’idée que je me faisais du métier d’enseignante auquel je me préparais.
Encore aujourd’hui je n’aime pas dire que je l’ai été enseignante, qu’on le sache et me prenne au tournant en flagrant délit d’ignorance. Ma mémoire fut toujours rétive extrêmement sélective..
Les films de guerre ne m’intéressent pas au 1er chef sauf s’ils en montrent la véritable horreur : le bras de mon père, 20 ans, pissant le sang sur l’oreille de son cheval, les poumons de mon beau père ravagés à vie par le gaz des tranchées.
Non je n’ai pas été une transmetteuse de savoirs surtout ceux concernant l’histoire traditionnelle…....
Un peu peut-être une éducatrice ou une petite militante de l’ombre et maintenant une très vieille femme qui survit grâce à quelques convictions qu’elle a gardées de sa jeunesse : « non il n’y aura pas toujours la guerre » disait ma mère, au moins sous sa forme la plus barbare : tuer, tuer des êtres jeunes et pleins de richesses de cœur et d’esprit , se laisser tuer pour cette absurde croyance que les autres vivront mieux de nos sacrifices , avec plus de dignité dans la liberté et la justice. Ces grande idées pour lesquelles on nous a persuadés de nous faire étriper, de faire étriper nos enfants pour notre Patrie, la meilleure de toutes parce que c’est la nôtre.

Synchronicité? films, textes, librairie, journaux et.. blogs!!
Donc ce matin dans Le Monde: ce bouquin de 900 pages de Cordier ; ben oui ,on pourrait dire « dans l’air obligé du temps » : commémoration du débarquement oblige ; commémoration de ces grandes aventures guerrières si chaudes au cœur de ces combattants de l’ombre.

« Daniel Cordier qui compta parmi les tout premiers Français à rejoindre Londres, dès le 25 juin 1940, à l'âge de 19 ans. » écrit donc :

« Quand je suis parti à Londres, je n'avais qu'une obsession : tuer du boche. Or, quatre ans plus tard, à la Libération, je n'en avais toujours pas tué un seul. Cela a été le désespoir de ma vie »

Cette phrase me fait horreur et je n’ai pas envie d’aller plus loin. J’ai tort. Il ne faut jamais sortir une phrase d’un texte. Mais on ne peut pas tout lire non plus : le dessus le dessous de toutes ces âmes humaines que la guerre ratatinent ou aveuglent plus qu’elles ne les grandissent, leurs évolutions, leurs retournements et pour finir leur gloire d’en avoir fait partie de cette Résistance..quand la France fut libérée.
A cette époque j’avais moi aussi 19-20ans
Ma transgression contre tous les bruits de bottes offensives ou défensives aurait été les paroles du déserteur de Boris Vian si elles avaient pu m’apparaître à l’époque.
Au pis aller j’aurais voulu dire: eh bien messieurs les Allemands : voyez comme on vit en France, vous ne pourrez pas tout détruire, boire tout notre lait, quand votre appétit glouton se sera rassasié, votre jeunesse martyrisée renaitra. Même si nous devons jeuner un peu il nous faudra bien vivre ensemble nous ferons l’ Europe d’abord un peu plus grande si possible : en face de nous, là bas de l’autre côté de l’Atlantique laissons le continent se reposer aussi ; nous serons voisins de loin, restez chez vous au lieu de venir vous faire tuer ici sous les ordres des rapaces qui vous gouvernent, petit Américains ne venez pas vous faire massacrer sur ce qu’on appellera plus tard les plages du glorieux débarquement de nos libérateurs, après que résistants et collabos enragés se seront bien déchiquetés dans l’ombre, prêts à vous acclamer en chœur sur les ruines de nos villes dévastées et les bunkers d’Hitler effondrés..
Vraiment tout ça pour vaincre un homme ?? Un homme qu’on n’a pas vu venir depuis 7 ans ??Allons donc !! que faisaient donc vos clairvoyantes diplomaties ? ? des plans contre la crise..ça sentait le Soviet et le front populaire et qui guettait au trou le moment de mettre un pied en Europe pour son plus grand bien ?
Et c’est bien la guerre qu’il faut pour détruire et reconstruire et faire des affaires, puis distribuer des médailles, faire de jolis carrés de croix blanches, voir défiler les poitrines décorées de vétérans estropiés et faire de beaux discours. Et puis on fera la fête, on fera tomber le mur de Berlin qu’on aura travaillé à édifier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s’embrasseront d’accord pour tirer les marrons du feu d’un peu du reste de la planète en perdition .
Et ce beau livre de 900 pages…un monument de toutes les gloires et turpitudes du monde à mettre entre toutes les mains, on en fera une jolie colonne dans les journaux.
Comment peut-on marcher la dedans ?
- la culture ma chère !
- la culture est pleine de ferments délétères.

Voilà c’est un tout petit fragment de mes idées transgressives.
Un petit grain de ce que je voudrais bien appeler utopie, enfin quelque chose comme ça si j’ai bien compris ce qu’on a essayé de me dire..

Non vraiment 900 pages c’est trop pour moi maintenant.
Et je crois que je vais aller revoir le film « Au revoir les enfants »

« J’ai pas tué, j’ai pas volé…. »
J’ai juste, un jour, mangé avec un boche le lièvre qu’il venait de tuer et que ma mère avait fait cuire.
-"Tout comme ma femme" avait-il déclaré l’officier allemand qui pleurait un peu en nous montrant les photos de ses enfants et disant « grosse malheur la guerre »

6 commentaires:

Brigetoun a dit…

tout beau - ferme de style et d'idée (cela s'accorde)

jc a dit…

Un billet de première classe. Ton réquisitoire contre la guerre est fort émouvant. D'avoir vécu ces quatre années nous vaut ce témoignage vivant. Merci.

PS: Tu as vu le chapeau de Brigetoun? Sexy...

PS: Aucun rapport avec la petite poule noire. Désolé.

micheline a dit…

oui beau chapeau Brigetoun!!Le grand air! à porter par jour de grand vent?

JC,
mon mari me signale que " l'armée des ombres" est au programme TELE le mardi 22 sur la 2 à 20h35
et que nous l'avons déjà vu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Cleo a dit…

J'aime beaucoup la dernière phrase, me rappelle aussi ce que me raconte mon papa.
Gros bisous

Solange a dit…

J'étais bébé durant la guerre, mais je ne peux qu'être d'accord avec ce que vous dites. Et ça contunu, nous sommes rendus à 114 morts en Afganistan et pourquoi?
Pour ce que vous me demandiez sur mon blogue, ça me fait plaisir.
Moi aussi j'ai aimé le chapeau de Brigetoun.

jc a dit…

Un mari utile, bravissimo! :)