19.6.10

une chanson de Daniel Guichard

Dans son vieux pardessus râpé
Il s' en allait l' hiver, l' été
Dans le petit matin frileux
Mon vieux

Y' avait qu' un dimanche par semaine
Les autres jours, c' était la graine
Qu' il allait gagner comme on peut
Mon vieux

L' été on allait voir la mer
Tu vois c' était pas la misère
C' était pas non plus le paradis
Hé ouai tant pis

Dans son vieux pardessus râpé
Il a pris pendant des années
Le même autobus de banlieue
Mon vieux

Le soir en rentrant du boulot
Il s' asseyait sans dire un mot
Il était du genre silencieux
Mon vieux

Les dimanches étaient monotones
On ne recevait jamais personne
Ça ne le rendait pas malheureux
Je crois, mon vieux

Dans son vieux pardessus râpé
Les jours de paye quand il rentrait
On l' entendait gueuler un peu
Mon vieux

Nous, on connaissait la chanson
Tout y passait, bourgeois, patrons,
La gauche, la droite, même le bon Dieu
Avec mon vieux

Chez nous y' avait pas la télé
C' est dehors que j' allais chercher
Pendant quelques heures l' évasion
Je sais c' est con

Dire que j' ai passé des années
A côté de lui sans le regarder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux

J' aurais pu c' était pas malin
Faire avec lui un bout d' chemin
Ça l' aurait peut etre rendu heureux
Mon vieux

Mais quand on a juste quinze ans
On n' a pas le cœur assez grand
Pour y loger toutes ces choses là
Tu vois

Maintenant qu' il est loin d' ici
En pensant à tout ça, j' me dis
J'aimerais bien qu' il soit près de moi
PAPA

7 commentaires:

Brigetoun a dit…

j'aime tendrement d'autant que ce n'était pas ça, mais il y avait beaucoup de ça, Papa

tanette2 a dit…

J'aime beaucoup, à la fin, je ne peux empêcher une petite larmette...

Anonyme a dit…

Belle Mimi,

L'époque des pères absents est ici assez révolue. Je trouve tellement dommage que peu encore se rendent comptent que discriminer les femmes revient à discriminer les hommes aussi. La prison féminine avait son horreur au masculin, l'homme privé de son droit aux sentiments, à la parole, aux émotions (sauf la colère), aux caresses, à l'affection... Le père privé des personnes qu'étaient ses enfants. Un époque où personne n'ouvrait les yeux sur personne.

Déjà que l'on peut toujours se demander qui ouvre un peu les yeux sur qui on est. L'un connait un morceau (croit-il), l'autre nous reconnait à l'intérieur d'une fonction (croit-elle), un ou une autre encore nous connait pour son plaisir charnel, avec où sans amour, avec ou sans tendresse.

Toutes ces femmes à la maison, qui les connaissaient, même un petit morceau? Avaient-elles seulement l'opportunité de vraiment confronter et faire évoluer leurs opinions, leurs points de vue, autrement qu'entre elles et entre deux cordes à linge?

Tous ces hommes pourvoyeurs, dont on craignait qu'ils partent parce qu'ils représentaient la nourriture et le toit, dont on endurait les colères, l'indifférence, la violence ou encore dont on héritait fatigués, épuisés par le travail et qui y retourneraient le lendemain, quand donc avaient-ils la chance de vraiment faire connaissance avec leur conjointe, bien davantage mère de leurs enfants? Ils ne parlaient même pas des mêmes choses, la plupart du temps, elle de soupe, de taches et de désobéissance, lui de sport, de politique, du travail... de faire connaissance avec ses propres enfants...

Qui ouvre vraiment un peu l'œil, de sa connaissance et de son cœur, sur l'autre, Mimi?

Je te reçois précieusement dans le mien. Zed xxx...

Solange a dit…

C'est une très belle chanson, très émouvante.

micheline a dit…

merci Air fou pour ta remise en perspective de cette barrière qui isole deux conjoints vivant sous le même toit:répartition des rôles pour raisons économiques,sociales, éducatives qui cependant ont évolué ..mais plus généralement sans doute pour la difficulté de connaître (ou de le vouloir) connaitre l'autre non moins essentiel que le "connais-toi toi même"si difficile déjà.
sans doute faudrait-il considérer à tous les niveaux de la société quelques préalables fondamentaux: le droit à égalité hommes -femmes à l'éducation, formation , au travail, et au temps libre du vivre ensemble.

Anonyme a dit…

Si juste.

Et que faisons-nous du temps « libre », bien obéissants aux demandes de la société avide de se reproduire? Télé, consommation, jeu, alcool, distraction.

Qu'est-ce que la liberté, comme toujours... Le temps, si on n'y fait rien de rien, est toujours en prison.


Zed ¦X

Au gré des jours a dit…

Ce texte me met toujours les larmes aux yeux bien que le portrait de mon père soit loin de celui-là mais je pense aux autres et à tous ceux qui travaillent durement.