En effet, nous sommes des êtres changeants : notre manière d'être, notre rapport aux choses, nos convictions,peuvent varier infiniment d'un moment de notre vie à un autre. Là encore, notre expérience personnelle joue un grand rôle sur ce que nous sommes, en influençant l'évolution de nos pensées conscientes et inconscientes.
Deux amis d'enfance se retrouvant après plusieurs années risquent de ne plus se reconnaître, voire de ne plus prendre plaisir en compagnie de l'autre, tandis que si leurs voies ne s'étaient pas séparées, leur amitié seraitpeut-être restée intacte.
La connaissance de soi ne peut donc être à la fois totale et définitive : l'évolution de ce que nous sommes,conditionnée par l'évolution du monde autour de nous, est un processus continu, qui ne connaît de fin qu'avec la mort. . " La crainte, le désir, l'espérance nous élancent vers l'avenir, et nous dérobent le sentiment et la considération de ce qui est, pour nous amuser à ce qui sera, voire quand nous ne serons plus " Montaigne,(Essais 1.3) souligne ainsi la perpétuelle mutation, la marche en avant de l'être. Il montre aussi que notre faculté à nous projeter vers l'avenir constitue un obstacle à la connaissance de notre moi.S'il est probable de retrouver chez un individu les mêmes traits de caractère à différentes étapes de sa vie, ilest fort rare que ces caractéristiques mêmes qui font la spécificité de cette personne n'aient pas évolué tout aulong de son existence. "On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve. " (Heraclite.)
La recherchede notre " moi " s'apparente donc à la recherche philosophique de la sagesse, dans la mesure où cetterecherche est infinie.
Se connaître soi-même, ce serait se chercher à chaque instant, s'exercer sans cesse à l'autocritique.Cet appel régulier à l'autocritique, on l'a vu, doit s'appuyer à la fois sur l'introspection et l'appel au regard de l'Autre, et rechercher la vérité dans la confrontation des subjectivités. La recherche de la nature du " moi "nécessite un esprit critique envers soi-même, une grande capacité d'abstraction (puisqu'il faut s'efforcer d'oublier son amour-propre pour se considérer le moins subjectivement possible), une grande constance (il nefaut jamais se surprendre à croire que l'on se connaît " une fois pour toutes ") et un esprit à la fois analytique et synthétique
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