2.6.05

conscience de soi n 3

La conscience de soi, connais-toi toi-mêmePage 2 sur 4
le paradoxe de l'introspection est que le sujet se confond avec l'acte de s'observer lui-même. De même l'introspection est normalisée par le langage.
I n'en reste pas moins que l'idée de "savoir " ce qu'on est soi-même soulève des difficultés de principe : en quel sens emploie-t-on " savoir ", s'il s'agit d'intériorité ?

Il paraît difficile par ce moyen d'avoir une connaissance objective de nous-mêmes : la connaissance que nous pouvons avoir de nous par l'introspection passe à travers le filtre de l'opinion que nous nous faisons de nous.

Ainsi, nous pouvons être tentés d'exagérer, d'amoindrir ou de taire certains de nos défauts. Dans son roman de science-fiction La Révolution des Fourmis, Bernard Werber nous rappelle que " pour comprendre un système, il faut... s'en extraire. "

Or, il est impossible de " sortir de soi " ! Je suis à la fois le sujet et l'objet. Le Je qui
pense le moi en est une émanation. L'introspection ne peut, seule, mener à la connaissance de soi.

De plus, elle est presque impuissante à juger nos actions sans prise de recul : le temps et l'expérience qu'il délivre permet parfois de porter un regard réellement critique sur le " soi " que l'on était auparavant - mais elle ne )eut permettre d'éviter les ennuis ayant résulté d'une mauvaise action passée de notre part, elle permet tout au )lus de prendre conscience de nos erreurs passées.
Il apparaît donc clair que l'introspection ne peut suffire au philosophe recherchant son identité réelle.
Il lui est indispensable de prendre en compte les réactions de l'Autre devant les manifestations dans le monde extérieur de sa pensée, de ses sentiments. Si possible, il devra faire directement appel au jugement de l'Autre.

Il lui sera ainsi permis de prendre conscience de ce qu'il se cachait, de ce à quoi il n'avait pas pensé. Il aura l'impression
que la vérité lui " saute aux yeux ", et il aura fait un grand pas dans la connaissance qu'il a de sa propre intériorité.

Cependant, ce deuxième moyen d'accéder à la connaissance de soi n'est pas parfait ; en effet, la vision que l'Autre nous donne de nous-mêmes, si elle a le mérite d'être différente de la nôtre, n'est pas purement objective : son jugement peut être déformé par l'amitié ou l'antipathie qu'il éprouve pour nous.

En outre, sa critique est nécessairement incomplète, puisqu'elle ne peut s'appliquer que sur les traits de notre caractère que nous laissons transparaître, consciemment ou non, au-dehors.

L'Autre ne peut voir que mon masque social, le " persona " des latins.
De plus, l'Autre n'a pas forcément connaissance de notre expérience personnelle, qui
influence considérablement notre psychisme. De sa place, il ne voit qu'une facette, qu'une manifestation de notre personnalité, certainement influencée par sa présence.

Le regard de l'observateur modifie déjà l'objet d'observation : alors quand cet objet est un sujet capable de se modifier lui-même, cela nous entraîne dans un jeu de miroirs peu propice à l'observation.

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