la Démocratie (documents1907) suite et fin

la morale religieuse et la morale laïque (Félix Mavet))

Faire le bien parce qu’il est beau

Lorsque l’enfant arrive pour la première fois à l’école, il y apporte des inclinations naturelles, bonnes ou mauvaises, des habitudes naissantes, et aussi le sentiment très net de sa personnalité…..son individualité lui paraît si considérable qu’elle emplit le monde où il évolue. Je me garde donc de combattre ce « moi » qui s’affirme à chaque instant si énergiquement, et je n’ai jamais eu à m’en repentir : est-ce que des individualités fortement accusées pourraient ne pas faire une société plus solide et meilleure, en tout cas, je constate que mes disciples ne sont pas plus vaniteux que d’autres, et que, par contre ils ont plus de vraie moralité et plus de franchise.

Tous les devoirs sont ramenés à des devoirs envers soi-même, envers un « moi » idéal et théorique que l’enfant entrevoit très bien et auquel il rapporte sans effort toutes ses actions. Si sa figure, ses mains, ses vêtements sont propres, c’est qu’il est beau d’être propre……….si……...si, en récréation, il ne frappe pas ses camarades, s’il n’est ni méchant ni injuste c’est que la méchanceté et l’injustice sont laides, si….c’est qu’il est beau de faire le bien sans espoir de récompense.
La morale sociale devient une sorte d’annexe de la morale individuelle…. Il veut surtout pouvoir s’estimer lui-même,… le comble serait pour lui de se mépriser……..il vivra et mourra pour l’honneur….
Cette haute fierté peut être collective……….. la moralité est alors fondée sur des assises autrement solides que celles d’un dogme, religieux ou non, que la casuistique sait toujours interpréter au mieux de l’intérêt, au plus grand dam de l’honneur.

Note : Pour alléger j’ai supprimé l’accumulation d’exemples sans , je pense, nuire à l’esprit de cet extrait