La démocratie (documents 1907)..suite

Morale religieuse et morale laïque…(Félix Mavet )…

La morale religieuse, quel que soit du reste le dogme sur lequel elle s’appui, aboutit à des sanctions diverses qui, une fois admises, facilitent dans une certaine mesure l’accomplissement du devoir. Malheureusement ces sanctions, lorsqu’on les observe de près, paraissent presque immorales, en ce sens qu’elles sollicitent l’effort par l’appât de la récompense et qu’elles font un calcul de la pratique de la vertu.
La morale laïque, indépendante du dogme, doit chercher ailleurs son point d’appui, mais elle doit en trouver un, car il faut compter avec l’humaine faiblesse et avec les sollicitations de notre chétive nature. Je crois qu’au lieu de le placer bien loin ou bien haut, il faut le mettre tout simplement en nous même ; et ce sera, non pas l’égoïsme à la façon de Nietzsche, mais le respect de soi-même, cette fierté de bon aloi qui fait qu’on veut s’élever et s’ennoblir, s’imposer au respect et même à l’admiration d’autrui. Je n’ignore pas que l’exaltation de la fierté personnelle présente des dangers, mais l’action continuelle et attentive du maître se faisant sentit durant toute la scolarité ne pourrait-elle arriver à épurer ce sentiment et à prévenir ces dangers ? quoi qu’il en soit, je poursuis depuis plusieurs années une expérience dans ce sens, et je vais dire les résultats que j’ai obtenus