11.3.05

sur le penchant des jours N 12 mikarena suite et fin

Comme elle avait très soif et très faim, elle la dévora sur le champ, mais elle eut bien soin de conserver les graines. Deux petites graines rondes et luisantes pour lesquelles elle se prit d’un amour fou et désespéré. Elle regarda autour d’elle. Il faisait doux. Une grosse boule de feu surgit à l’horizon et le gris de l’air s’argenta sur le sable.

Alors Mikarena trouva un endroit pour y enfouir ses graines. Ce ne fut pas plutôt fait qu’elles se mirent à germer comme de bonnes petites semences qu’elles étaient. Elles eurent vite fait de sortir de leur trou et de pousser leurs pointes vertes vers le soleil.

Mikarena n’en revenait pas de les voir se balancer au vent, se pencher l’une vers l’autre en babillant follement. Comme le soleil brillait de plus en plus fort, elles réclamaient de l’eau, toujours plus d’eau. L’étang n’était pas loin, ce n’était pas difficile de leur en apporter à volonté. Mikarena elle, ne songeait ni à boire ni à manger : l’orange lui avait fait un très grand profit. Quand elle avait vraiment faim, elle touchait dans sa poche l’écorce de l’orange qu’elle avait conservée et aussitôt elle se trouvait ragaillardie et sûre qu’il ne lui arriverait rien. C’était pratique.

Un jour qu’elle s’était un peu endormie, elle se réveilla à l’ombre de deux grands arbres. Les petites plantes avaient tellement grandi qu’elle ne les reconnaissait à peine. Ils chuchotaient entre eux et elle ne percevait que quelques bribes de mots. Quand elle voulut leur apporter de l’eau, ils s’inclinèrent avec élégance :
- Merci beaucoup, dirent-ils, nous puisons maintenant directement dans l'étang avec nos grandes racines.

Mikarena s’assit sur une pierre plate, elle chercha dans sa poche les écorces séchées mais elle ne trouva plus qu’un peu de poussière. Comme elle était trop fatiguée pour aller à l’étang elle se traîna à l’ombre des orangers, qui lui firent place sous leurs rameaux flexibles, mais ils ne portaient pas encore de fruits

Tout le jour elle lutta contre la soif et la faim puis ayant tâté une dernière fois le fond de sa poche, elle y découvrit une minuscule graine complètement desséchée et passée inaperçue. Elle la mit à germer dans son cœur.
Une nuit, le cœur de Mikarena tomba en poudre et sa vie s’en alla.
Au matin, à la même place, deux petites feuilles vertes et luisantes se haussaient vers la lumière.

Micheline.

1 commentaire:

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

C'est beau, c'est triste, j'espère que cela ira mieux bientôt,

j'ai pu laisser des commentaires maintenant dans mes trois blogues, j'espère que ça ira pour les autres aussi