9.3.05

sur le penchant des jours N11 Conte (suite)

Pourtant après avoir marché longtemps elle se trouva à une bifurcation. Il n’y avait plus de fleurs sur son chemin, que de chaque côté, de profondes ornières creusées par les charrettes des charbonniers. Elle ferma les yeux, interrogea en pensée son petit nuage rose et s’engagea résolument à gauche.

Quand elle eût encore marché longtemps, elle découvrit que cela ne menait nulle part qu’en un endroit de roseaux et de marécages. Elle s’assit pour se reposer un peu.

Un joli canard bleu et vert vint lui chanter la chanson des eaux dormantes. Elle était un peu triste mais contente tout de même d’avoir trouvé un compagnon au plumage si joli.

Il lui proposa de l’emmener dans une maison claire qu’il avait sous l’étang. De toute façon Mikarena savait bien qu’elle ne retrouverait plus son chemin ce soir là et elle le suivit.

Il faisait bon et tiède dans la maison sous l’étang et le canard devint un véritable ami. Elle se blottissait le soir sous son aile pour avoir chaud et y dormait toute la nuit. Au matin son gentil compagnon partait pour ses voyages aquatiques. Il lui rapportait parfois de longues herbes soyeuses ou de jolis poissons d’argent
.
Mais Mikarena s’ennuyait un peu en son absence. Un jour qu’il était partit plus tôt que d’habitude, elle découvrit dans la maison une grosse bulle de verre où l’on pouvait entrer par une toute petite porte de cristal, elle se dit que ce serait commode pour voyager dans l’étang.

Elle pénétra dans la bulle après y avoir fixé un long fil afin de ne pas perdre son chemin et se laissa dériver par les courants, longtemps, agréablement
.
Tout à coup elle s’aperçut avec effroi que le fil s’était accroché à une grosse racine du fond. Il n’y avait plus autour d’elle qu’une faible lumière grise sans qu’on puisse savoir si le jour était fini ou l’aube commençante. Plus aucun signe de vie. Quand elle eût en vain bien tiré sur le fil, elle essaya de le couper avec ses dents, mais il était si solide qu’elle dût s’évertuer pendant des heures à rogner ce lien qui la retenait prisonnière. A la fin le fil cassa et elle s’évanouit de fatigue.

Quand elle reprit ses esprits, la bulle de verre était cassée et elle, elle gisait, toute nue sur un bord sablonneux, en tenant dans ses mains une orange.
(à suivre)

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