16.8.06

N'OUBLIE PAS

et voici l’émouvante adaptation du poème de Prévert « Rappelle toi BARBARA »
D’après Jeanine Christophe présentée par un internaute

Jeannine Christophe. Vous ne la connaissez probablement pas... Elle anime l'Association Histoire et Vies du Xème arrondissement de Paris (http://hv10.org/)... mais moi, j'ai beaucoup de souvenirs, avec elle, Jacques son mari, et leurs enfants... Quand j'étais au lycée, mes parents auprès d'elle me faisaient donner des cours de latin... Le latin n'était pas ma matière forte... En civilité, je faisais chez eux des petits boulots... Par la porte de leur maison, j'entrais ainsi dans la vie... Leur rencontre fut pour moi un vrai cadeau... Jeannine, chercheur au CNRS, et Jacques m'offrirent la curiosité et le bonheur d'apprendre. Ils ne me firent jamais aucune leçon, mais leur passion des arts et de la culture, leur manière de vivre, fut pour moi une leçon toute entière.
Hier, dans ma boite mail, j'ai reçu d'elle cette lettre... Je me dois de vous l'offrir :
Excusez-moi d'avoir détourné le beau poème de Prévert, "Rapelle toi Barbara",
mais j'ai vécu toute mon enfance et adolescence à Beyrouth, et j'avais une amie qui s'appelait Mouna......


MOUNA
Rappelle-toi Mouna
Il pleuvait sans cesse sur Beyrouth ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie, ravie, ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Mouna
Il pleuvait sans cesse sur Beyrouth
Et je t’ai croisée rue Hamra
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Mouna
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Mouna
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante, ravie, épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Mouna
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vu qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Mouna
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur le port
Sur le bateau de Byblos
Oh Mouna
Quelle connerie la guerre !
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou encore vivant
Oh Mouna
Il pleut sans cesse sur Beyrouth
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil, terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier et de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Beyrouth
Et vont pourrir au loin
Au loin, très loin de Beyrouth
Dont il ne reste rien.

... cet immeuble est à Beyrouth, celui où Jeannine Christophe a passé son enfance.... est-il encore debout ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai une amie à Beyrouth, que j'ai connu grace à internet.. elle a passé de très mauvais moment mais j'ai eu des nouvelles d'elle et sa famille va bien aussi... mais quel gâchis... Ce pays sera t il en paix un jour ??