6.8.06
UN PETIT CONTE
Fleur des champs
Elle était née un jour dans une grande prairie. Elle n’était pas laide du tout, pas d’une grande beauté non plus, pas avec ce teint de transparence qu’on voit à la chair des roses dans la première lueur du matin. Entourée de hautes herbes vigoureuses, solidement ancrée dans la terre nourricière par une longue racine, elle n’était pas fragile non plus.
Elle regrettait seulement de ne pouvoir voyager, mais l’hirondelle qui venait d’arriver lui dit que rien ne valait son nid. Elle aurait bien voulu savoir chanter comme le vent, mais le grillon lui dit qu’il apportait aussi la tempête, arrachait parfois les grands arbres et décoiffait les petites filles. Elle aurait bien voulu épouser le coquelicot, mais il n’était pas de son monde; fier et éphémère il disparut sitôt venu.
De tout petits moucherons venaient parfois danser autour de sa corolle, cela la distrayait un instant. Leurs arabesques étaient si jolies ! Un jour un gros bourdon doré vint lui rendre visite. Riche et somptueux, mais quel fardeau pour son mince pétiole ! Elle fit ce qu’elle put pour ne pas se courber dangereusement. Pourquoi n’était-elle pas opulente comme le gros pissenlit qu’il lui préféra ? . . Soudain un joli papillon la frôla d’un geste amoureux. Quel bonheur ! Quelle délicatesse que ses pattes de velours ! Elle lui offrit un peu de son pollen.
Quand il eut bien pillé son nectar, ses réserves d’eau et de miel, il s’en alla sans un adieu.
M L.
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1 commentaire:
Un conte tout frais, poétique, printanier. Bien écrit.
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