6.9.07

Après la rentrée...

ce ne sera plus longtemps l'école.....c'est la guerre et c'est une autre histoire que je ne pense pas vous raconter. Tant d'années sont passées et d'autres priorités s'imposent à nous. On ne se pose plus la question de savoir ce qu'on va pouvoir manger mais si la cuisson au barbecue est toxique ou non , si la peinture des joujoux contient trop de plomb , si la guerre des religions aura lieu ou non et si la bombe atomique va anéantir le monde ..et moi....si ..si ..je vais vivre cent ans!!et voir ou non cela..

Pour ceux qui aimeraient quand même un petit bout de cet autrefois, voici une petite suite...peut-être deux..
extraits:

"Je m'inscrivis aux cours par correspondance, bien décidée à préparer la deuxième partie du B.S.* L'hiver venant, je pris l'habitude de rester en classe à midi. Le poêle ronflait, je mangeais quelque viande froide ou quelque fruit et je me mettais au travail. Le soir je profitais de la douce tiédeur le plus tard possible pour essayer de résoudre une équation ou un problème de géométrie dans l'espace sur le tableau noir car c'était l'année des math. Puis je rentrais avaler une soupe ou un bol de lait et me fourrer dans mon lit glacé. J'essayais de me dissimuler l'évidence : mon cerveau renâclait, il me fallait des heures pour trouver la clé d'une solution ou enregistrer un cours. Vouloir c'est pouvoir! oh! la la! qu'elle est terrible cette maxime ………………………………………………………………………………
Mais je ligote mon désespoir comme je peux. J'ai à peine vingt ans. J'ai le temps. J'ai encore le temps d'être autre chose, de remettre sur le métier mon ouvrage. J'emmène mes petits respirer le chèvrefeuille et jouer au ballon.
Je vais voir Jacqueline. La commune lui a octroyé un logement assez confortable. C'est joli chez elle. Sa maman lui a confectionné au crochet un très joli coussin de fleurs et d'arabesques pâles sur fond de satin rose. Nous papotons un peu, nous nous cuisinons quelques petites gâteries et nous nous endormons tendrement sans trop penser aux math avec lesquelles elle se bat aussi.
Ce soir c'est le 10 mai*. C'est mon anniversaire que nous fêtons ensemble. La lumière est douce, voilée d'inquiétude légère et du bleu de la "Défense passive". Depuis quelques jours on parle d'offensive, de raids d'avions, de mouvements de troupes. Tout à coup ce sont des détonations formidables, toute proches. On éteint. On attend. Tout s'apaise. On peut aller dormir d'un œil. Au matin, au village, la population est en émoi. St Dizier a été bombardé. La France est envahie. L'avance des troupes ennemies, précédée de pilonnements intensifs par avion, va durer un mois environ".

NOTE:
*BS. le brevet supérieur se préparait en 3 ans et correspondait à peu près au bac (que je n'ai pas passé),option enseignement.
*10 mai 1940.

6 commentaires:

marie.l a dit…

ton billet d'aujourd'hui est dans l'esprit même du titre de ton blog, au fil des jours, que ceux-ci aient été ou sont d'actualité... toujours le même plaisir de te lire même si je n'en laisse pas toujours une trace.

marie.l a dit…

bien sûr lire : que ceux-ci aient été ou soient d'actualité

Anonyme a dit…

Merci pour ce "bout d'autrefois" que j'ai plaisir à lire. Mais je frissonne un peu... quand on est une jeune fille sans doute pleine d'espérance devant la vie qui s'offre, et qu'on assiste à la déclaration de guerre, qu'on entend les premiers bombardements, cela doit être choquant et angoissant.
Bises.
PS je t'ai envoyé un mail.

Rosie a dit…

Encore une fois, belle tranche de vie, mais pas toujours facile à l'époque avec la guerre.

J'aime beaucoup lire tes tranches de vie.

Bonne journée et bisous xoxoxo

Rosie a dit…

Un p'tit coucou en passant en ce vendredi.

Belle journée et bisous de ta p'tite cousine du Québec. xoxoxox

Anonyme a dit…

Toujours le même grand plaisir à te relire...
Tant de choses nous sont communes, les lieux, l'époque, la vie... et bien encore d'autres choses

Je t'embrasse