12.5.09

le champ du gros Louis

j'ai parlé dans un message précédent du champ du gros Louis
cliquer sur le titre

3 commentaires:

jean-claude a dit…

Je m'appelle personne
Je n'ai pas de nom. Je m'appelle Personne.
Les riches ont l'or,
mes maigres mains creusent le rio.
Mes maigres mains creusent un sillon de mort.
J'ai enterré tant d'enfants que ma mémoire
est une encre sauvage.
Je n'ai plus de mains. Je n'ai plus d'âge.
J'ai la sagesse des grands arbres brisés par les Américains.
Je suis un Peau-Rouge. Jamais je ne marcherai
dans une file indienne.
J'ai très mal au cœur, au sexe, aux entrailles.
Je prie. Je suis Sioux.
Je prie. Je crois à la revanche.
Je suis celui qu'on ne peut pas tuer au cœur de la bataille.


J'étais je suis je serai
J'étais pierre éclatée, soleil-sida,
j'étais cadavre sous les brassées de fleurs.
J'étais silence mural. J'étais cimetière de campagne.
J'étais oiseau aux ailes brisées, mazoutées.
J'étais vieux, alcool
parlant sans cesse de guerre dans les djebels.
Je suis un scénario de suicide. Je contemple le fleuve.
Je vois passer des cadavres de veuves.
Je me hais et je veux mourir. Je me hais
et je veux mourir.
Fermez les yeux. Songez une dernière fois
à mon profil de poète grec,
dans la plus pouilleuse île.
Je serai, à partir de ce jour, ciel, ciel et ciel.
Ciel au-delà de vos folies meurtrières.
Je serai ciel. Je serai éternel.


André LAUDE
(Document fourni par l'Association "les Amis d'André Laude")
 

jean-claude a dit…

Encre et sang
Je fais de ma vie de
nuit en nuit un tas d'ordures.
Je fais de ma vie une brumeuse chronique.
Je fais de ma nuit le carrefour des fantômes.
Je fais de mon sang un long fleuve
qui tape à mes tempes.
Je fais de ma peur un oiseau noir et blanc
Je fais d'un oiseau mort, pourri,
l'enfant que j'aurais pu être.
Je fais d'un enfant un feu fou, un bloc de cendres.
Je fais de ma mort à venir un festin de serpents.
Je fais d'un serpent la corde pour me pendre.
Je fais d'un long, acharné silence le testament
de tout ce qui fut désastres, horreurs, ennuis,
ruptures et interminables hurlements.
Je pisse de l'encre et du sang.
Je pisse de l'encre et du sang.
Je chante sur le bûcher des châtiments.


Le ver dans le fruit
Je longe le long sillon qui conduit aux morts muets.
Je songe à la neige, aux chevaux de feu,
à l'hiver des paroles.
Je vois des bois brûlés, des vaisseaux échoués,
des mouettes prises par le gel.
Je longe le fleuve de sang et de larmes
qui traverse les inquiétantes ruines.
Je sens l'odeur des prédateurs, l'urine
de la hyène, la matière fécale des jeunes bébés.
J'écris à partir d'un noyau de nuit.
J'écris à partir d'une tranchée noyée de boue.
J'écris corde au cou.
La trappe déjà tremble sous mes pieds.
Je longe le marbre froid qui donne le frisson
et chante une très étrange et vieille chanson,
qui dit qu'aujourd'hui et pour toujours
le ver est dans le fruit.

André LAUDE
(Document fourni par l'Association "les Amis d'André Laude")

micheline a dit…

"les Amis d'André Laude"
pourquoi ces hallucinants cris de noires douleurs ici dans le champ du Gos Louis????
l'âme noire des turpitudes humaines??