29.10.05

hommage aux parents disparus

Extrait de mon journal; évocation de mes parents

"C'était l'heure où les voitures rentraient des champs, où les trains du soir se faisaient plus nombreux. La porte claquait. Un vent glacé nous fouaillait les jambes. On entendait les sabots de ma mère sonner sur le ciment de l'allée. Mon père soignait les bêtes. Selon la saison il allait au bois faire les "affouages", façonner les fagots, couper, fendre, empiler les bûches, ou donner un coup de main au cultivateur voisin pour la fenaison ou la moisson en échange de quoi nous recevions gratuitement un ou deux sillons pour y planter nos pommes de terre ou nos carottes, un morceau de boudin à l'abattage du porc, un demi verre de lait supplémentaire dans notre pot le soir.
Je le revois rouge, tout ruisselant de sueur, les veines de ses mains toute gonflées, quand il rentrait, à la brouette, d'énormes charges de foin, une corde passée sur son cou pour soulager ses bras.
Il savait aussi tresser des paniers, réparer nos chaussures, raser à la perfection, la première herbe tendre, ou la dernière un peu sèche, aux pentes des talus. Il fallait encore cultiver le jardin, faire des conserves, nettoyer le poulailler, les clapiers, courir à Chaumont les jours de marché pour y vendre quelques volailles.( en plus de son travail de nuit)
Maman, elle non plus, ne rechignait pas à la besogne. Elle confectionnait tous nos sous-vêtements, la plupart des vêtements courants, même des chaussons pour la maison, raccommodait jusqu'à la corde, tricotait, tannait la peau des lapins, tout cela entre deux galops pour la manœuvre des signaux ou des barrières."

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tes souvenirs d'enfance et les miens ont un air de famille. Né et resté au village, je vis encore auprès de gens comme ça. J'ai su faucher et battre l'outil sur l'enclume, j'ai poussé la brouette, une corde passée sur les épaules... ma mère a pédalé (et moi après), sur sa machine à coudre. Mon père écossait les haricots l'hiver, à la veillée, en écoutant la radio... pardon : la T.S.F.: Les chansonniers, Monsieur Champagne à Pêle-Mêle Cadoricin...
Bonne semaine à toi.
PS : les enfants sont repartis, j'ai enfin fini "les poupées de mon père".