19.11.05

Beaujolais nouveau et cidre nouveau

Eh oui c'est aussi l'époque du cidre nouveau .

Pas cette année : peu de pommes , nos bras fatigués aussi peut-être , mais nous en avons ouvert une bouteille de l'année dernière à midi.

voici une évocation de sa fabrication.

samedi 22 11 1986.

Fin de saison à Dammartin.
Les pommes. Le cidre.
Fin de saison douce et humide. Il a fait semblant de geler fort une nuit, vers le début du mois, avec une couche de glace presque épaisse, sur les tonneaux en attente dehors. Et puis tout est redevenu doux, doux, humide et ensoleillé.
Le cidre c'était le 15. Toute la semaine précédente on avait récolté les pommes. Les "Vérités" encore sur les arbres, brillaient de toutes leurs rondeurs purpurines. Les autres dans l'herbe regrandie se lovaient déjà dans la terre grasse que les lombrics travaillaient avec ardeur. Bref nos mains étaient bien sales mais le vent était tiède. Les caisses se remplissaient vite en haut du chemin, près de la route. On avait craint la pénurie mais les dernières tiédeurs avaient doublé le volume des fruits et l'on s'exclama encore en découvrant des champignons dans le pré, de superbes pieds bleus, violets plutôt, qui furent aussitôt fricassés. Et le dernier date d'avant-hier 19 novembre !

Donc pour le cidre tout le cousinage était là, la maison Parros aussi.
On leur avait fait signe.
Il faut dire que c'est un petit événement, en passe sans doute de devenir anachronique, une sorte de spectacle folklorique, que le fonctionnement de cette machine à faire du cidre.
De bons bras, jeunes de préférence, culbutent les lourdes caisses dans le bac à eau où la chaîne à godets vient puiser les fruits lavés pour les donner à écraser à la meule. Une chair pulpeuse et blanche tombe alors sur de larges tamis, une main preste l'étale, l'enveloppe d'une épaisse toile de jute. Cinq, six, dix plateaux s'entassent ainsi avant que la presse ne descende les serrer. Le jus coule ! Quelqu'un aux tuyaux ! . Quelqu'un aux tonneaux ! ohé ! On crie. Stop. C'est plein. Il faut changer de tonneau. Ça gicle. Ne pas trop en perdre surtout. Un seau sert au transfert. Des récipients de secours aussi pour le surplus. Il en faut ! Pour goûter. Pour offrir. Pour la bonbonne à ne pas oublier d'ouvrir en arrivant. Le jus de pomme, c'est très vivant, indiscipliné et fort ; si on l'enferme, brusquement il explose. J'arrive à le conserver dans de petites bouteilles bien fermées après l'avoir chauffé à 80°. Dans les tonneaux il fait aussi des siennes, dès le lendemain il écume et bave tout blanc par les bondes. Ne pas laisser l'air entrer. Remplir soigneusement de jus tout au long de ce fiévreux travail du sucre en proie à l'agonie. Ça sent fort. Ça sent bon. Des souvenirs, je l'espère implantés à tout jamais chez ceux qui n'y pensent guère maintenant

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