7.11.05

Emeutes

Cette nuit j'ai essayé de trouver quelque chose à dire qui ne soit pas trop réducteur. Cela m'a empêchée de dormir.

Dans les commentaires déjà lus j'ai retenu ceci de Noisette:
"Ces temps sont révolus ,la société ne fabrique plus que des frustrés "
là est la question : pourquoi ?

Difficile de se placer dans une perspective historique : avant la révolution de 89 ? avant la guerre de 14 , l’entre deux guerres ? après le 2ème guerre mondiale ? maintenant ?quels enchaînements ou mutations?

Et même pour une époque donnée,(environ de la guerre de 14 )les modes de vie, de travail sont tellement différents selon que l’on est dans les campagnes encore petit paysan comme chez mon père ou artisan ou déjà sur les grands domaines agricoles de la Beauce ou de la Brie. C’est sur ces derniers que mes grands parents maternels et leurs 10 enfants dans leur jeunesse, ont travaillé « à tâche »
Ma mère m’a raconté comment le régisseur arrivait à cheval, cravache à la main, pour réprimander celui qui avait laissé traîner quelques épis; comment dans les équipes, hommes et femmes mélangés, il lui était impossible de trouver un endroit où faire pipi; comment au long des rangs de betteraves à biner ou arracher , ses mains saignaient d’engelures et sa chemise collait à ses furoncles qu’on ne pouvait soigner .
..
Plus tard vers 1932
Encore une anecdote :
J’ai 12 ans nous arrivons chez ma la sœur de mon père, en Côte d’or. Nous sommes ma sœur et moi gentiment habillées et ma tante de dire à ma mère : il faut aller les changer, il ne faut pas qu’elles soient mieux mises que les petites Boirin ; les petites filles du propriétaire dont ils sont les métayers, et qui habitent dans la même cour, une bien plus belle maison ; il fallait tenir son rang, marquer sa soumission ne serait-ce que par une robe et tirer sa fierté de servir plus noble que soi.

Tout cela a-t-il bien changé ?
La plus belle maison, la plus belle voiture, le plus beau yacht, habiter le 16ème, ça vous classe…

Mais revenons à nos moutons :
Ces enfants dans les rues à 10 -11h du soir ça tient à quoi ?
Ces jeunes à 2 heures du matin ça tient à quoi ?
et qu’ils puissent escalader l’enceinte d’un espace mortel ? N’y avait-il aucun moyen technique de prévoir, de protéger ?
et une étincelle aurait - elle tout embrasé si le feu n’était pas préparé d’avance ? et préparé au-delà des banlieues à racailles .
Je sais aussi ...la contagion des foules , les transports faciles… les téléphones portables...mais quelques petites bandes de voyous bien organisées peuvent-t-elles mettre le feu à travers la France sans qu’on puisse intercepter des messages , repérer les meneurs. Et jusqu’en Amérique on a peur. Encore quelques jeunes mal élevés ?

J’en viens à me demander à qui profite le crime ?
Il y a très peu de victimes que l’on monte soigneusement en épingle.
Ne serait-ce qu’une, c’est encore trop, je suis bien d’accord, mais jusqu’à présent ce sont surtout des dégâts matériels.
Toutes ces voitures brûlées ça va doper le lobbie automobile, permettre d’augmenter les assurances, pour indemniser les victimes, redonner du boulot aux entreprises de construction, résorber le chômage.

On va pouvoir recontruire de superbes maternelles 4 étoiles dans les quartiers défavorisés où ceux des beaux quartiers viendront inscrire leurs enfants. Pas bête au fond pour le Melting Pot.

Comme dit toujours quelqu’un que je connais bien : d’un mal il sort souvent un bien,, il suffit de savoir rebondir à temps !

Et c’est bien connu aussi qu’une bonne guerre ça permet de reconstruire plus beau plus grand, de faire avancer les techniques de pointe, et d'enrichir les marchands de canons… etc

Le malheur c’est que ce ne sont pas ceux qui la décide qui la font et qui donnent leur vie.
Une pensée émue à la maman d'andré qui avait bien compris les enjeux de la guerre mais pas regardé peut-être "Les Temps Modernes" de Charlie Chaplin

En ce moment la politique du pire aurait-elle pris le train en marche ?
Je ne sais pas, je m’interroge. Rien n’est simple.
Mais il est bien vain de regretter le temps passé comme de pousser de grande exclamations scandalisées.
Si on parvient à éteindre le feu peut-être aura-t-il servi de leçon. J’espère de tout mon coeur qu’il n’est pas trop tard.

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