6.11.05

A Mamounette, André et les autres....(suite de la vie continue)

Mamounette

Puisque tu veux bien venir cheminer un peu avec moi du temps où j’avais 63 ans, peut-être à peu près ton âge ? je vais finir notre promenade et merci de m’aider à ressusciter ce passé à travers ta sensibilité qui réchauffe la mienne. Alors voici la suite de ce séjour à Nasbinal

Nous fonçons sur la route mi-enneigée, mi-dégagée. Pas de chaînes, ni de clous. C'est pour les touristes, paraît-il. "Ici on a l'habitude."

Nous nous enfonçons dans un univers clos de partout par l’ouate blanche. C'est bien de n'être nulle part. A la station, il faut reprendre pied. Petite animation des châlets-restaus, comme partout. Les pentes entre les sapins. Les tire-fesses. Les skieurs amateurs. Un petit air du temps où nous emmenions les enfants quand ils étaient à nous, avec encore tout plein de possibles devant. Tout plein ? Non, seulement quelques trajectoires non abouties sur des pistes balisées.
Un grog, au chaud derrière la vitre, puis nous repartons. Pierre est à l'arrière de la fourgonnette, vide maintenant. L'atmosphère s'est un peu allégée, on aperçoit l'hôtel des Œuvres Laïques tout près d'Aubrac, quelques burons endormis, par ici, par-là, dans l'amorce d'un paysage lent et doux.

Savez-vous ce que c'est un buron ? Pas tout à fait une grange, pas tout à fait une ferme. Une bâtisse de pierre solide, une seule grande pièce aménagée sommairement sur une cave où attendra le fromage.
A partir du 25 mai les troupeaux montent aux alpages. C'est le grand départ pour les herbages parfumés. Une cinquantaine de kilomètres à parcourir de la pointe du jour jusqu'au soir.
Le buron c'est le point de ralliement des bêtes pour la traite le soir. Le lait dans les grands pots est mis à cailler près de la cheminée, puis la tome mûrit dans les moules de bois cylindriques en attendant d'être plus élaborée et transformée en fourme, bleus, etc...
Le 13 octobre on redescend aux mas. C'est pour moi une image très littéraire, comme un voile sur mon chagrin.
J'aimerais voir peut-être. Voir l'été ici, revenir dans ce petit troquet où nous prenons un "petit rouge".

Le matin suivant la nature en a rajouté au conventionnel de paix et de solitude : la neige absolument vierge. Un petit soleil tout jaune. Des capuchons blancs aux toits. Un sapin tout givré. L'odeur du fumier qu'un tracteur transporte. Il fait doux. On marche. Un bistrot.
Un bougnat de la Porte de Montreuil de retour au pays. Une parisienne aussi, rapatriée dans son lieu d'origine, légèrement insolite avec son maquillage de ville, le crayon noir des sourcils soulignant un regard fatigué.
Notre séjour s'achève. Nous rentrons demain.
J'ai bien tenu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merveilleux... merci beaucoup c'est pur comme la neige qui tombe!!! On se fait un petit vin chaud à la cannelle ? Tchin tchin