14.12.06

HISTOIRE DE D'JEUNS

C’était le thème d’une émission avant hier sur Arté : « Faut-ils avoir peur de nos Ados? » où on a pu voir à quelles extrémités de violence et de déséquilibre certains groupes de jeunes en était arrivés. Sans évoquer ces cas extrêmes qui sont cependant révélateurs de symptômes inquiétants, on assiste à une représentation tout à fait négative de la jeunesse d’aujourd’hui.

Ce ne sont plus des jeunes mais des d’jeuns , un raccourci, un néologisme de distanciation pour gens bien élevés. Mais une catégorie à part. Sous des vocables différents: à mettre dans le même sac, des ras le bol ,des trop gâtés, des mal élevés, des feignants à l’occasion, voire des racailles ou des voyous tout ça, ça forme les d’jeuns, pour les gens en proie à une mélancolie de l’âge bien normale, mais qui, dans leur relatif confort ne savent plus que se confire en regret du temps où ils étaient eux, des jeunes fringants avec un avenir devant eux dans le meilleur des cas..
Ces honnêtes gens qui constituaient la classe moyenne sont maintenant à l’abri des aléa, ont souvent petite maison sur rue, leur voiture au garage pour partir en vacance quand ce n’est pas à leur petite résidence secondaire, chauffée à distance par téléphone, garantie par télésurveillance ou autre complaisant voisinage, frigo bien rempli, regrettant le bon vieux temps, luxe que l’on dorlote au coin du feu, nostalgie de bon aloi entre gens de bonnes compagnie , glorifiant poétiquement le labeur du paysan, sa charrette odorante, sa bonne soupe aux choux fumants.
Si je peux me permettre, c’est que je suis de ceux-là, qu’il m’arrive de rêver à mes anciens bonheurs d’autrefois, d’évoquer avec mes pairs ce temps où nous étions jeunes et dans les pires difficultés, vivions l’espoir de jours meilleurs avec bonheur et conviction.Et maintenant je ne crache pas sur toute l’aisance qu’une retraite bien méritée nous octroie. Mais ces temps sont révolus

On oublie aussi qu’en ce bon vieux temps l’espérance de vie était presque la moitié de celle d’aujourd’hui, que la grande majorité des gens n’avaient jamais vu la montagne ou la mer qu’ils ignoraient les poètes, le théâtre qui font qu’on appartient à une classe privilégiée sinon supérieure.
Et sans parler de ceux qui ont été privés de lumière au fond des mines, ont erré en mer pour un maigre butin ou pourri leurs poumons au fond des mines de sel,de charbon ou d’amiante. Ceux là aussi regrettent leur vie passée, la seule qu’ils ont connue quand leurs forces leur permettaient d’espérer des jours meilleurs. Non regretter le bon vieux temps est un joli romantisme qui se paie le luxe de dénigrer le jeunesse d’aujourd’hui sans se rendre compte qu’elle n’est que le dernier maillon d’une chaîne qui, plus que jamais, écrase les plus démunis, les plus faibles à savoir les enfants, les jeunes à l’abandon, voués à la précarité tandis que s’enrichit une classe toujours plus riche. Arrêtons de taper sur l’âne qui tire et encore plus sur celui qui n’a plus les moyens de tirer.

Ce qui me dérange c’est ce rejet des jeunes d’aujourd’hui, cette lutte absurde des générations dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas nouvelle. Dans les mutations brusques d’un modernisme inconnu jusqu’alors les jeunes sont les premières victimes de ce que nous avons construit ou laissé faire pour eux. Dans le meilleur des cas on incrimine le laxisme des parents, la démission des enseignants…etc…. sans voir que ces démissions sont aussi la conséquence d’une société de profit où l’argent gouverne le monde dans une fuite en avant pour le moins inquiétante.

Des voyous, des déséquilibrés de naissance ou de santé il y en a toujours eu et il y en a encore dans toutes les couches de la société et qui fabriquent par la violence de leur souffrance de nouveaux éléments à leur image s’ils sont abandonnés à eux mêmes

La société moderne aurait les moyens, par une meilleure répartition des richesses, de procurer à tous un minimum de confort, un minimum des bienfaits des technologies modernes, pour le logement, la santé, pour la culture, l’éducation, la formation non seulement pour être embauché au service de la production, mais aussi pour le plaisir, le vrai celui d’avoir accès à d’autres valeurs que celles du profit, de la course en avant , de la croissance à tout prix orientée vers la consommation de biens souvent inutiles ou dangereux, pour enfin jouir des vraies satisfactions, d es joies d’un esprit sain dans un corps sain ,un esprit averti et indépendant.

J’entendais hier que les sections lettres et philo étaient de plus en plus désertées dans les lycées et amenées à disparaître dans de nombreux établissements
Est-ce là l’avenir d’une société en bonne santé ?
Mais où est le bon chemin ? Essayons de réfléchir ensemble sans nous lamenter ni nous affronter.
Excusez ces quelques réflexions personnelles qui n’engagent que moi et qui soulagent un moment ma mélancolie.

12 commentaires:

vincent a dit…

Bonjour chère Micheline.
C'est reparti?
je suis calme, reste calme : ZEN.
Tu sais chère madame que l'expression "les jeunes" ce sont eux mêmes qui l'ont crée. Qui l'utilisent le plus. Qui lui ont donné ce raccourci "djeuns".
C'est peut être plus facile de généraliser, ce que tu me reproche, mais ce qu'on oublie de dire, c'est que les griefs qu'on fait à ces jeunes ne s' appliquent qu'à ceux qui par leur inconduite portent préjudice au groupe régional, religieux, ethnique auquel ils appartiennent. On ne vitupère pas ceux qui bossent, cherchent du travail, réussissent dans la vie, mais contre ceux qui roulent en voiture de luxe en toisant le pauvre bougre qui ne pourra jamais se la payer. Tout ça rien qu'en tenant les murs des immeubles (voir l'expression "les hitistes" inventée par les chibanis)
Les défendre, Micheline, part d'un bon sentiment. Mais en serait-t'il ainsi, si tu habitais dans une de ces barres, où tu devrais demander, tête basse, l'autorisation de passer à une assemblée d'ados pour rentrer dans ton hall d'immeuble.
Peut être que toi ca ne te ferait pas peur, mais des gens dans ce cas le vivent très mal.
Et dit moi "les yeux dans les yeux" que la conduite de ces gamins n'alimente pas les rangs des Frontnationalistes!
Bonne fin de journée Micheline.

micheline a dit…

tu déplaces toujours les problèmes la question est pourquoi ces gangs existent ?et comment remédier à cet état de fait ? je n'habite pas ces barres mais je suis en relation étroite avec des habitants des grands immeubles du centre ville de Bobigny , ne me fais pas passer pour une naîve inconsciente .
j'ai géré avec mes élèves mai 68 et les problèmes qui en ont découlés et je continue à me documenter sur tout ce qui se passe actuellement .
bon on ne parle plus de cela nous deux on n'est pas sur la même longueur d'onde .

vincent a dit…

Micheline !!
Si tu fais un billet pour que tout le monde soit d'accord avec toi, c'est pas la peine d'en faire, ma grande.
Ce n'est pas le manque de travail qui engendre les gangs. Ce ne sont pas les mêmes qui bossent et qui cassent. Quand les une se lèvent, les autres vont se coucher, et ils ne rentrent pas de l'usine.
C'est bien de se documenter. Mais il faut aussi infiltrer ce milieu, vivre avec pour comprendre.
Exemple:
je me document sur l'Afrique que j'aime. j'ai plein de bouquins, de films. Je n'en sais pas plus pour autant sur la vie sur place, les maladies et leurs effets. Les relations sociales entre telle ou telle ethnies. Je n'en ai qu'une vision de touriste.
les élèves de 68 sont des angelots face aux loubards de banlieue. Je le répète, je ne parle que d'eux.
La documentation, c'est bien. seulement ceux qui informent ont deux choix :
Dire ce qui se passe réellement dans la citée ou passer de la pommade. Les premiers n'y reviendrons pas, les deuxièmes ne sont pas crédibles.
Tu te souviens d'un article sur MATCH, des jeunes qui exibent leurs arsenal et stok de drogues au journaliste dans une cave? Médite.
Comment y remédier?
C'est pas en palabrant que vous y arriverez, ni en disant "c'est bien mon petit, continue" "on va te chercher du boulot, on peut même bosser à ta place".
Mais si tu veux on peut parler du beau temps et des PPS qui passent ou qui beuguent.
Fait beau chez toi? Ici brouillard, mais ça va se dégager dans une heure.

micheline a dit…

micheline84 a dit…
je discute avec ceux qui sont de bonne foi et qui apportent des arguments valables mon grand!!!et qui ne voient pas seulement midi à leur porte.
ma doc ne vient pas des livres mais dis donc qu'est-ce que tu insinues??
exemple ce midi le concierge d'un immeuble qui est quelqu'un de fiable et que je connais depuis longtemps .
alors tu arrêtes S'il te plait.

14 décembre, 2006 16:25

vincent a dit…

C'est un exemple Micheline, un exemple.
Se documenter c'est aussi entendre tous les sons de cloches, sans jeu de mots.
je te sens speed. Bon,allez!
On reprendra ça demain. Bonne nuit.

Anonyme a dit…

Je n’ai pas vu cette émission mais je pense que j’ai dû en voir des similaires, ce genre de problème a déjà été soulevé. Si le sujet n’était pas si sérieux, je sourirais presque parce que pas plus tard que ce midi, on évoquait les jeunes, fiston et moi. Il a 27 ans et je lui demandais ce qu’il pensait des rebellions dans les banlieues, des jeunes en échec sur tous les fronts. Pour lui, et je pense qu’il a raison, les voitures cramées, toutes les dégradations et problèmes graves, bien que non excusables, sont la manifestation d’une profond désespoir. Pas de boulot, pas de logement potable, juste un « parcage » dans quelques mètres carrés souvent insalubres d’immenses ensembles inhumains. Grosse erreur d’avoir construit ces ensembles (je pense, parce que je connais, aux Hauts du Lièvre à Nancy, ces centaines de mètres pour un seul immeuble où il faut nouer un foulard rouge à sa fenêtre pour retrouver où on habite !), oui toute la misère est parquée là, le soleil ne pénètre pas en ces lieux, l’espérance encore moins.
Dans les SDF, il y a de plus en plus de jeunes : pas de logement donc pas de boulot, pas de boulot donc pas de logement, le cercle vicieux, infernal dont on dirait que personne ne se préoccupe.
Micheline, je suis plus jeune que toi, je n’ai donc pas connu certaines galères et je trouve que je suis née à une bonne époque, socialement parlant. J’ai toujours trouvé du boulot avec une grande facilité, j’ai pu m’offrir le luxe de quitter un job qui ne me plaisait pas, je savais que dans les jours qui suivaient j’en avais un autre ! Quand je regarde mon CV je vois que j’ai bien bourlingué, et sans difficultés. Le choix, on avait un choix terrible ! Maintenant effectivement, les rôles sont bien inversés, ce sont les employeurs qui ont un choix immense ! et ils ne se privent pas pour en profiter. Les CDD à tout va qui leur font économiser beaucoup beaucoup d’argent ! seulement voilà, on ne n’accorde pas un prêt à des jeunes en CDD, etc etc… La raison du plus fort est toujours la meilleure, et le plus fort c’est le fric ! … bref le débat est immense. Je ne désespère pas, j’ai toujours un bel optimisme au fond de moi, je crois aux jeunes et aux d’jeuns ! Hauts les cœurs ! J’espère que je ne suis pas trop hors sujet ! Je t’embrasse.

Anonyme a dit…

Et ben, on en profite pour parler sérieux quand je ne suis pas là...
J'ai vu un bout de l'émission ce soir-là, et un bout de "Super Nanny".
Aterré que j'ai été : Une maman remariée, un fils de +- 6ans, du premier lit, une filette de moins d'un an du second.
Le gosse refuse la frangine et s'approprie la mère... Qui, apparemment, culpabilise. Le gamin a sa chambre, en rez de chaussée, avec télé et DVD. La fillette n'y a pas accès, il repousse son youpala du pied si elle essaie de s'infiltrer et même, la frappe.
Le "beau-père" évite de s'en méler, le gamin n'est pas de lui.
Sauf en l'absence de la maman : là, il n'a même pas à imposer d'autorité, le gosse l'a adopté. Il se montre gentil, obéissant, calme et participe volontiers ax travaux de rangement...
La chambre des parents est à l'étage. Pour ne pas avoir à descendre l'escalier de nuit, la maman dort sur un canapé près de la porte du garçon et ne dort que d'un oeil : il faut qu'elle arrive tout de suite quand il l'appelle pour changer son DVD, si elle ne veut pas qu'il réveille toute la maison...
Bon, c'est à mettre au dossier, sans plus, mais ça existe aussi.
Comme la société de consommation qu'on s'est faite et qu'on reproche aux autres d'avoir laissé faire.
Comme la force abusive du loup et la faiblesse coupable de l'agneau.
Comme le trop grand écart de répartition des richesses,(pas plus grand pourtant, il me semble, qu'aux temps des seigneureries et des serfs "taillables et corvéables à merci") mais passons.
Une pièce mériterait, je crois, d'être jointe au dossier : de tout temps, on avait à travailler pour vivre. Ca occupait autant les mains que l'esprit, et surtout, ça donnait à beaucoup une raison de se lever le matin et d'avoir des repères.
Envers qui avoir du respect quand on ne vit que de l'aumône des autres...
Où trouver sa fierté...?
Oui, le manque de travail serait aussi, d'après moi, à verser au dossier.
Restera quand le dossier sera bouclé, à trouver des solutions...

micheline a dit…

Les d’jeuns (suite)Pralinette oui tu es tout à fait dans le sujet , s'il ne s'agissait que de quelques groupes de loubards, la police aurait sans doute les moyens de les neutraliser rapidement mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, comme on dit .
Ceci dit je pense que des traumatismes profonds ont atteint certains policiers eux mêmes débordés par l'ampleur des risques et dégâts dont ils ne sont pas responsables,. pris au piège entre le marteau et l'enclume, ils ne peuvent que devenir agressifs et que perdre de vue les vrais problèmes de société,qui ne sont pas seulement quelques problèmes de banlieues défavorisées .

Aben merci d’essayer de cerner la pluralité des faits même si on montre parfois les plus spectaculaires dans leurs outrance afin de vendre de l’auditmat ou du papier.
Mais cette misère des familles des parents débordés .. des enfants exploitant la situation, et tout ce qui s’en suit …cela existe
Quant au travail et la fierté qu’on peut en retirer quand on en a, ce n’est même plus vrai quand ce travail ne permet même plus de payer un loyer… cela existe aussi.( cf ce que rapporte Pralinette) Pour la première fois le nombre des habitants des villes va dépasser celui des campagnes ,. les petites entreprises ne devenant que sous traitances des grandes, les machines remplaçant le travail artisanal…. Etc.. etc
Bon je pense que les personnes de bonne foi sont d’accord là-dessus
Et que les remèdes sont loin d’être facile à trouver c’est encore plus vrai .

Ce que je voulais essayer de dire après avoir bien hésité à mettre cette question sur le tapis c’est qu’il se crée dans la société des coupures pour ne pas dire des antagonismes, du mépris, des agressions verbales ou autres entre les groupes sociaux, les uns ou les autres rejetant la faute ou le déshonneur sur autrui au lieu d’apporter un peu de compréhension de tolérance qui adouciraient les conflits au lieu de jeter de l’huile sur le feu
Et en particulier entre les générations.
J’entends bien dans mon quartier les jugements sommaires de beaucoup qui se retirent dans leur coquille avec amertume dénigrant en particulier les jeunes dans leur ensemble cela ne peut qu’aggraver inutilement les tentions et alimenter des agressivités réciproques.
Il suffit parfois d’un mot de chaleur ou simplement de compréhension pour entr’ouvrir des portes fermées entre des groupes de petits salauds et le reste de la population elle-même en proie à des rivalités de corporation , de niveau de vie etc..….
Cela j’y crois même si ce n’est pas simple sachant bien qu’à une agression répond instinctivement une autre agression.,.et que personne n’est jamais à l’abri d’une telle dérive .

Anonyme a dit…

<< Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent.>>
La Bruyère.

En ce moment je suis débordé et je regrette de ne pas avoir pu prendre part à cette intéressante discussion.
Je pense que tout a été dit sans moi et je me réserve pour une autre occasion.

Bon week-end, Micheline.

Anonyme a dit…

Je voudrais juste revenir sur le problème des loyers et relater cette anecdote : lorsque mon fils et son amie se sont installés à Grenoble, on leur a demandé qu’une personne se porte caution (jusque là rien d’anormal) mais on a exigé que cette personne justifie d’un salaire de trois fois le loyer ! Heureusement ils ont trouvé une personne, sinon… Terrifiant non ? Allez Micheline, bon week-end, je t’embrasse.

Anonyme a dit…

Je vois que j'arrive un peu tôt ce matin, personne ne paraît avoir fini son petit déjeûner...
A plus et bon appétit à tous

vincent a dit…

PFFFFFFFFF!!!!!!!
Mais bonjour et bon week-end tout de même, Micheline.