22.12.06

je quitte le pensionnat

Je pourrais encore évoquer toutes ces choses sordides et classiques des pensionnats : la promenade en rangs des dimanches après-midi, la cour exiguë fermée de hauts murs, la salle de jeux où nous nous entassions le soir pour le goûter : l'exploit à réussir était d'extraire sa boîte à provision d'une armoire, sitôt la porte ouverte, et de pouvoir attraper deux ou trois morceaux de pain dans une corbeille assiégée. Essayez d'imaginer toutes ces petites boîtes closes s'ouvrant tout à coup pour libérer des flots confus d'odeurs captives inoubliables : pommes, gâteaux, fromages, confiture, chocolat ... C'est curieux : j'aime toujours ces choses séparément.
On criait, on se bousculait pour faire griller à même la fonte du gros poêle à charbon, des barres de chocolat. Cependant je mangeais de bon appétit. J'avais même pris quelques kilos qui commençaient à tirer péniblement sur les coutures de mon manteau. Le festin terminé, on dansait parfois au son d'un piano grincheux, on cousait ou tricotait. Pas question de lire dans ce bruit infernal. C'est là que j'ai appris à broder au point poste, un très joli napperon qui, tant de fois lavé et repassé, s'est usé lentement sur notre buffet Henri II, témoin inamovible de mon amour filial. Là que j'ai esquissé mes premières javas.
Mais rien ne réussissait à calmer ma détresse. Je ne peux croire que tout cela n'a duré que six mois. J'étais si malheureuse que je réussis à convaincre mes parents que tout irait mieux si je pouvais rentrer à la maison chaque jour.
Mon père vérifia ma bicyclette, consulta les horaires des trains : c'était possible.
C’est ainsi que je quittai le pensionnat pour continuer mes études en qualité d’externe.

6 commentaires:

Brigetoun a dit…

ouf pour toi

Anonyme a dit…

Moi aussi j'ai poussé un ouf de soulagement. Pendant que je te lisais, je m'imaginais à ta place.

Anonyme a dit…

Bons ou mauvais, ceux et celles qui ont aujourd'hui l'âge que l'on avait autrefois ne peuvent pas encore savoir ce qui leur restera en "souvenirs".
On a des surprises quelquefois.
Je ne dis pas ça pour cet extrait de ton "cahier", mais c'est vrai que des détails auxquels on n'attache guère d'importance sur le moment viennent des fois creve la surface...
Bonne soirée à vous deux. Nous, on va jouer "tête à tête"

Anonyme a dit…

Je viens te souhaiter un joyeux Noël Micheline et plein de bonnes choses pour toute ta famille.. Gros gros bisous.

Anonyme a dit…

Il faut penser à autre chose !

Joyeux Noël, Micheline.

Anonyme a dit…

Je viens te souhaiter un excellent noël à toi et à ta famille mais je suis restée assez sidérée en voyant Chaumont. Car c'est là que j'ai vu le jour. Je suis née en face de la prison. Te souviens-tu des grands-pardons? Te souviens-tu des américains? Route de Brottes, les tanneries? Ma campagne sous le viaduc? Et que sais-je encore.....
Mon papa est né à Verbiesles
Je t'embrasse fort