LE DORMEUR DU VAL
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil de la montagne fière,
Luit; C'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pale dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.
Les parfums ne font plus frissonner sa narine;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.
Arthur Rimbaud
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7 commentaires:
Micheline,
je connaissais ce magnifique et terrible poème qui est hélas toujours d'actualité dans ce monde qui n'est pas seulement fou mais de plus en plus fou.
Comment arriver à dormir sur cette poudrière ? Comment ne pas être angoissé par toute cette violence, cette folie meurtrière ? Comment ne pas se révolter aussi de voir les riches toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres ...
La Terre est bien malade !
Atteinte de tristesse : comme atteinte d’une maladie c'est-à-dire menacée, affaiblie, en perte d’énergie ? ni plus ni moins que ce que mon corps( y compris le cerveau) me dispense habituellement .-un peu moins qu’hier,un peu plus que demain-
Comment ne pas être triste devant tout ce gâchis auquel on assiste de par le monde, devant l’irrémédiable : la mort pour rien, des souffrances pour rien ? des combats légitimes que l’on paie de sa vie (assassinat de journalistes...)
Et tant de révoltes théoriques de ceux qui crient dans le désert quand ils ne tirent pas
intime satisfaction de lancer seulement de grands mots.
Que reste-il aux hommes de bonne volonté ? et dont la tristesse reste active ?
S’informer, informer, montrer, dénoncer, faire éclore des idées, oui mais devant l’urgence, l’imminence même de la catastrophe, on se sent vraiment tout petit…voire insignifiant.
c'est l'un de mes préférés de tous...
je le relis souvent... et je te suis dans ta tristesse !
avec les voyelles et le bateau, c'est un de ceux que les non rimbaldiens retiennent.
Ce texte m'a toujours perturbée et rendue malheureuse. Bien sûr que nous sommes écorchés vifs devant l'ampleur des dégâts commis par la loi des soi-disant plus forts, des assoiffés de pouvoir, par les faiseurs de malheurs. Mais je crois qu'il faut continuer d'aimer, de croire et d'espérer. Comme le chantait Jacques Brel : n'avoir plus grand'chose à rêver, mais écouter son coeur qui danse, être désespéré mais avec espérance.
...bien bel éloge pour celui qui nous reste inconnu. Combien de trop d'autres continuent de mourir, aujourd'hui, pour une cause, une idée, pour seulement obéir, parce qu'on les a forcé... Pour une idée des autres : pour rien !
Zed,
Juste un petit mot,comme ça à l’instinct , avant de décortiquer un peu plus si je peux
Tout à fait consciente du luxe dont tu parles (privilège d’avoir à manger, chaud.., mais à propos du luxe de nos angoisses pas tout à fait d’accord , remettre devant les yeux cet enfant qui dort dans les glaïeuls ce n’est pas s’angoisser c’est réactualiser une vérité que nous, nantis oublions : c’est là bas que ça se passe c’est un spectacle lointain qu’on regarde un peu comme un cinéma tandis que nous ne sommes pas concernés directement .
Peut-être à affiner aussi cette tendance que tu dénonces par ailleurs de penser qu’il y a des asiles de lumière ( chez nous les privilégiés (c‘est ici le ciel dans notre petit espace de bloggers ! – voir « comment » chez accent grave) à rapprocher dece réflexe de penser qu’il y a des bons et des méchants, des coupables et des innocents…
ou c’est moi et mon amoureux par exemple.
Une sorte de besoin d’idéaliser, c’est une petite plaisanterie bien sûr sans en être une .Peut-être un idéal d’amour ou un amour idéal puisque nous vivons depuis plus de 50 ans ensemble.. un idéal par rapport à… et encore ??? tout est relatif
Et progresser c’est ici aussi qu’il y a à faire …( un luxe ??)
Bon je te laisse si tu ne dors pas encore sache que ces échanges sont pour moi une manière de survie, en même temps heureuse et en crainte de me tromper ou de ne plus comprendre
Bises à tous ceux qui passent et participent pour apporter quelque lumière.
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