17.11.06

Encore une histoire de Christelle

La derniàre sans doute pour donner un aperçu de la variété de ces flash et aussi parce que je suis obligée de choisir court pour vous, lecteurs et pour moi qui tape avec un doigt.


Christelle a lu la lettre que des jeunes lycéens ont envoyée au président de la République. Leur professeur de français les a aidés, mais on sent qu’il ne parle pas à leur place, en leur nom, ce n’est pas une dissertation, ni un discours, ils écrivent avec leurs mots à eux. Et c’est ce qui lui plaît à elle cette absence de fioriture, cette maladresse même : ce sont des adolescents qui écrivent, pas des académiciens. Ils ne se répandent pas en courbettes, en longues salutations, ils sont simplement polis, sans plus

Mais on comprend qu’ils ont réfléchi, qu’ils ont pesé leurs mots. Ils disent carrément : » on s’est marié avec la République et elle nous a trompés ! ».ils parlent du grand-père de l’un d’eux, un Malien, qui a » laissé un bras » en se battant pour la France. Ils disent de l’intervention des imans dans les cités, « c’est n’importe quoi ! » et ils ajoutent : la religion est un choix personnel à ne pas mélanger avec la politique. » et ils n’hésitent pas à rappeler « nous irons voter en 2007 ».
Elle en parle avec Jérémie, elle lui montre cette lettre qui l’a émue. Mais il dit qu’elle n’arrivera jamais à destination, qu’elle sera arrêtée bien avant, et jetée à la poubelle…parce qu’ils n’écrivent pas en bon français, parce que…
Alors elle pleure, elle sanglote même. Elle se demande pourquoi elle éprouve un tel désespoir, un tel chagrin...c’est comme si c’était sa lettre à elle qui était mis à la poubelle, c’est tout ce qu’elle sait. Elle se sent envahie par un sentiment d’impuissance, et de révolte en même temps. .pourquoi est-ce que la parole de ces jeunes ne serait pas entendue ?
Il la prend dans ses bras, il la laisse pleurer. Il ne dit rien, il est là simplement. Il est toujours là.

Plus tard elle se dit que Jérémie n’a sans doute pas tort. C’est vrai qu’elle est bien naïve. Elle croit encore que rien ne se perd. Et elle se raconte encore une fois cette histoire qu’elle aime tant : le vol du papillon qui peut entraîner un tremblement de terre à l’autre bout du monde…

1 commentaire:

Brigetoun a dit…

Il y a une photocopieuse dans l'école ? Christèle envoie un exemplaire de la lettre au président, un au ministre de l'intérieur et des cultes (hautement concerné celui là), un à son député, un à son sénateur et un au journal d'opposition du coin s'il y en a encore un. En tout cas elle ne dit pas aux gosses qu'elle a renoncé. (je dirais aussi un à Ségolène Royal pour lui rappeler la chose, il y aura bien quelqu'un pour lire)